Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
La tradition américaine veut qu’un président des Etats-Unis qui quitte la Maison Blanche disparaisse, et n’intervienne pas dans le débat public. George W. Bush peint, Jimmy Carter mène des médiations dans les pays en guerre, Bill Clinton donne des conférences. Dans un premier temps, Barack Obama, qui se veut plus philosophe que jamais, a pour sa part besoin de prendre du temps pour écrire et s’occuper de sa famille.
Le président sortant n’a pas l’intention de briguer un quelconque mandat ni, a priori, de prendre position publiquement. Sauf si des lignes rouges sont franchies à ses yeux, sur des sujets qui lui semblent essentiels comme le droit de vote, les discriminations ou encore l’expulsion des « rêveurs », ces migrants sans papiers arrivés très jeunes aux Etats-Unis, et qu’il a protégés par un décret présidentiel, sur lequel M. Trump peut revenir.
Si nous avons donc vu un Barack Obama décidé à se retirer, il entend rester un citoyen attentif à la vie politique, et promet d’être vigilant. Il a parlé notamment de la liberté de la presse. Une allusion aux dernières déclarations de Donald Trump, qui souhaite se « débarrasser » de journalistes qu’il estime de parti pris. « Une presse libre est essentielle au fonctionnement de ce pays, a affirmé Barack Obama. Ça ne peut pas marcher si les citoyens ne sont pas bien informés. Notre démocratie a besoin de vous. »
Barack Obama est resté très discret sur les premières décisions de son successeur. Mais sans avoir l’air d’y toucher, tout au long de cette conférence, il a dispensé ses « conseils », pour ne pas dire avertissements, à Donald Trump. Attention, par exemple, à « ne pas écouter uniquement les gens qui sont d’accord avec vous ». « La réalité vous ramène sur terre quand vous êtes président des Etats-Unis », a-t-il prévenu.
Au sujet de la Russie frappée par des sanctions américaines, Barack Obama l'a répété : Washington a besoin de bonnes relations avec Moscou, mais les Russes ont envahi l'Ukraine et c'est pour cela que des sanctions ont été appliquées. « Il ne faut pas oublier le droit international sous prétexte de se réconcilier », a-t-il fait valoir.
Mais c'est surtout sur la question du Proche-Orient qu'Obama a appelé son successeur à la prudence. Toute décision américaine a un effet démultiplié, a-t-il averti. « Je ne partage pas les vues du président élu sur le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, mais la situation sur le terrain dictera la suite », promet le président sortant, avançant que Donald Trump n'a peut-être pas mesuré toutes les conséquences de ses propos.
Barack Obama n’a pas souhaité commenter la décision de boycotter la prestation de serment du président élu par une cinquantaine d’élus démocrates. Il a préféré revenir sur ses dernières décisions : la peine de Chelsea Manning réduite, car « disproportionnée » ou la loi « pieds secs, pieds mouillés » retirée pour rendre tangible, dit Barack Obama, le renouveau des relations avec Cuba.
■ Donald Trump, H-24 avant la Maison Blanche et le Bureau ovale
De son côté, Donald Trump a accordé un entretien, le même jour sur FoxNews, média qui lui est acquis. il n'a pas fait d'annonce significative, sinon qu’il allait continuer à communiquer avec ses électeurs via les réseaux sociaux. « Je vais continuer à tweeter pour contrebalancer les reportages d’une presse malveillante », a expliqué celui qui occupera le Bureau ovale. Enfin, le porte-parole de Donald Trump a confirmé que le président élu se mettrait au travail dès ce vendredi 20 janvier, après sa prestation de serment. Sean Spicer a annoncé, sans donner de détails, que Donald Trump allait signer quatre ou cinq décrets, dès sa prise de fonctions.