Retrait du billet de 100 bolivars au Venezuela: entre colère et relativisme

A partir de ce mardi, les Vénézuéliens auront 72h pour échanger ou déposer à leur banque leurs billets de 100 bolivars, le montant actuellement le plus élevé. Un délai supplémentaire de 10 jours sera permis dans les guichets de la Banque Centrale Vénézuélienne (BCV). Motif de cette décision annoncée ce dimanche par le Président : lutter « contre les mafias qui font de la contrebande de billets de 100 bolivars », tout particulièrement à la frontière colombienne. Nicolas Maduro a d'ailleurs annoncé lundi soir « la fermeture de la frontière avec la Colombie dès ce lundi soir pendant 72 heures pour faire face [selon lui] à l'attaque des mafias de Colombie contre la monnaie vénézuélienne».

Le pays est frappé par un manque de liquidités qui provoque de longues files d'attente devant les banques et par une inflation galopante : l'an dernier, la BCV a estimé que l'inflation avait dépassé la barre des 180%, rapporte notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez.

Ce jeudi, des billets à plus gros montants entreront « de manière progressive en circulation dans le pays » : les Vénézuéliens auront d'abord accès à des billets de 500 bolivars, puis de 5000. A terme, ils utiliseront des billets de 20 000 bolivars.

Ce lundi était « jour férié bancaire » : aussi, de nombreux Vénézuéliens n'ont pu faire les opérations qu'ils souhaitaient et ont remis ça à ce mardi. Ils étaient beaucoup à être inquiets... ne comprenant pas cette mesure. « C'est une très mauvaise idée car actuellement, 100 bolivars, c'est notre plus gros billet, s'énerve une femme. Il ne nous reste que les petits billets qui ne servent à rien. Des billets avec de gros montants doivent arriver mais ils ne sont même pas encore sortis. Nous ne savons pas ce qui nous attend : c'est l'incertitude totale ! »

« Ce n'est pas le moment de retirer ces billets, témoigne une autre femme. Nous sommes à la veille de Noël. Il aurait fallu le faire en janvier, après les fêtes ! Pourquoi prendre cette décision, comme ça au dernier moment ? Je ne comprends pas ! C'est comme s'ils cherchaient à provoquer plus de confusion, à créer un chaos ! »

Certains, comme Marcos, préfèrent relativiser : avec ses 250 derniers billets de 100 bolivars, cet employé d'une quincaillerie a notamment acheté de quoi manger. « J'ai préféré dépenser mes billets plutôt que d'aller à la banque pour les changer ou les déposer. J'imagine qu'il va y avoir beaucoup d'agitation dans les banques ce mardi, que tout le monde va courir pour déposer son argent. J'attends qu'ils sortent rapidement les billets à plus gros montants. Il faut être patient et rester optimiste : je pense que tout ça va bien se passer ! »

De son côté, le ministre de l'Intérieur et de la Justice a annoncé que la sécurité et la surveillance dans les banques seront renforcées ce mardi.

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