De notre correspondant à Miami, Grégoire Pourtier
Dans un petit musée posé dans une rue officiellement baptisée Brigade 2506 à Miami, ce sont les vétérans de la Baie des Cochons eux-mêmes qui racontent leur histoire aux visiteurs : « Bienvenue au musée de la Brigade 2506, là vous avez la bibliothèque, et ici la grande table autour de laquelle nous nous réunissons une fois par mois. Et voilà un fusil original que nous avions à l'époque, on l'a récupéré plus tard, en cachette évidemment. Voyez le combattant sur cette photo, il a perdu une jambe. Et lui, là, c'était le plus jeune de toute l'opération, il avait 16 ans... »
Des panneaux mobiles ont été ajoutés pour pouvoir continuer d'accumuler les photos.
Car au-delà de tous les documents d'archives, ce sont les portraits de tous les membres décédés de la brigade 2506 qui frappent. Ceux morts au combat, ceux morts en prison, ceux exécutés, et puis ceux qui sont morts plus tard depuis 55 ans qu'ils ont tenté cette opération folle. Président de l'association, Humberto Argüelles raconte son parcours et sa version de l'histoire, car chacun a la sienne, et il le dit, cela a été un moment noir pour chaque camp.
Mais s'il accuse toujours Kennedy de ne pas avoir tenu ses engagements, même s'il estime qu'ils n'ont pas été aidés par les autorités américaines après leur libération, il ne regrette rien : « Les Américains ont contribué à notre entraînement militaire. Mais concernant le débarquement, il n'y avait aucun Américain, nous étions tous cubains. Personne n'a été forcé à venir, le peu que nous étions, nous étions tous volontaires. Et on doit nous reconnaître une morale et un mérite énorme, parce qu'à ce moment, nous sommes allés défendre notre patrie. Nous demeurons fiers et honorés d'avoir fait cela. »
L'association n'est ouverte qu'aux survivants de la brigade 2506, et à leurs descendants. Avec un prestige certain dans la communauté : c'est elle qui organise mercredi le grand rassemblement des exilés cubains de Floride.