Cela fait plus d’un an et demi qu’Haïti a lancé ce processus électoral, indique notre correspondante en Haïti, Amélie Baron, cela afin que le pays retourne à l’ordre constitutionnel, avec à sa tête non plus un président provisoire mais un chef d’Etat élu.
Sandra Honoré, la chef de la Minustah, appelle les électeurs à aller voter dimanche : « Il est dommage, on peut lamenter le fait que le cyclone Matthew a ravagé et détruit énormément dans les quatre départements du grand sud mais je crois que le peuple haïtien est très conscient des enjeux et ceci va comporter évidemment d'autres sacrifices, un des sacrifices étant le fait, pour ce 20 novembre, de tout faire pour pouvoir mettre de côté tous les problèmes, toutes les difficultés pour pouvoir exercer leur droit. »
Choisir son futur président et élire des parlementaires est effectivement crucial pour l’avenir du pays mais les priorités des sinistrés de l’ouragan sont aujourd’hui bien plus urgentes : au quotidien, ils sont des milliers à avoir besoin d’eau potable, de nourriture et d’un logement.
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Dans le département le plus touché, la Grand’Anse, les survivants de la catastrophe vivent dans une extrême précarité, raconte notre envoyée spéciale sur place, Stefanie Schüler. Depuis deux semaines, des pluies incessantes s’abattent sur la ville de Jérémie, chef-lieu du département. Le quartier pauvre en bord de mer, déjà entièrement dévasté par l’ouragan Matthew, n’est plus qu’un mélange nauséabond de débris et de boue glissante qui semble engloutir les survivants de la catastrophe.
Maryline Morincy vit ici avec sa fille. Doter son pays d’un président élu au suffrage universel représente pour elle un espoir pour s’en sortir : « Nous avons besoin des élections. Il nous faut un président qui décide de notre sort. Regardez toute cette boue. Toutes nos maisons sont détruites. On n’a nulle part où aller. Même nos abris de fortunes ne tiennent plus à cause des inondations. Il nous faut donc des élections et je sais qu’elles se tiendront comme d’habitude. »
Tous les 27 prétendants à la présidence haïtienne ont promis des programmes de reconstruction pour les zones touchées par l’ouragan Matthew. « C’est pourquoi, poursuit Maryline Morincy, nous allons faire l’effort d’aller voter en espérant que la personne élue tiendra ses promesses. J’espère que notre vote ne sera pas vain. Car ils ont vu nos difficultés. Maintenant ils doivent agir en conséquence ».