Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Au printemps 2015, Haïti s'est lancé dans un marathon électoral avec l'objectif d'élire sur trois journées l'ensemble des maires et députés du pays, deux tiers du Sénat, ainsi que le futur président.
Mais le premier tour de scrutin législatif, en août 2015, a été marqué par d'importantes violences et les élections ont dû être annulées dans près d'un quart des circonscriptions. Si la deuxième journée de vote, le 25 octobre 2015, s'est déroulée sans incident majeur, les résultats du premier tour de la présidentielle ont été vivement contestés.
Prévu le 9 octobre, le premier tour des élections a été à nouveau reporté à cause du passage du dévastateur ouragan Matthew le 4 octobre. Les deux tours de scrutin ont donc été fixés aux 20 novembre 2016 et 29 janvier 2017.
Des observateurs de l’OEA
A quelques jours du vote, les candidats multiplient les rassemblements, mais cette fin de campagne électorale reste peu dynamique. A cette occasion, plus de 4 200 observateurs nationaux ont été accrédités pour veiller à la bonne tenue des scrutins du 20 novembre. Parmi eux, 400 observateurs internationaux, principalement de l'Organisation des Etats américains (OEA).
Juan Raul Ferreira, à la tête de cette mission témoigne, contre les prédictions, d'une mobilisation citoyenne plus forte qu'avant le passage de l'ouragan Matthew. « Je pense qu'il y a une double lecture à avoir de l'ouragan. D'un côté, cela a forcé un report des élections mais de l'autre, cela a provoqué chez les gens une réaction disant : " On doit passer par ça, une bonne fois pour toutes " », explique l’expert. Et d’ajouter : « Des gens qui ont souffert d'énormes problèmes après l'ouragan se disent aujourd'hui : "Je veux être représenté à Port-au-Prince, je veux avoir mon député et sénateur se battre pour mes problèmes locaux". »
Difficile de savoir si les électeurs vont se déplacer pour voter, malgré le sentiment que, comme après chaque élection, leur vie ne devrait guère changer.