Avec notre envoyée spéciale à Chardonette, Amélie Baron
Les habitants du village de Chardonette se sont regroupés au bord de la route : les élus locaux leur ont dit qu'on allait leur donner des matériaux pour reconstruire leurs maisons. Alors ils attendent là, depuis des heures, dans le calme, comme tient à le souligner Mathieu Jean Wilsin, 33 ans. « On a appris qu'il y avait de l'aide disponible dans le pays, des bâches plastiques, des tentes, mais nous on n'a rien reçu encore. Des gens attaquent les camions et volent les tôles et les bâches. Nous, on n'est pas là pour faire du désordre », souligne-t-il.
Un camion arrive devant la foule, mais ça n'est pas l'aide promise : ce sont les volontaires d'un orphelinat qui ont un peu de nourriture à distribuer, loin de suffire à tout le monde. Le ton monte, certains voudraient bien recevoir ces dons, mais Saint Anne Jean Charles, 60 ans, est de ceux qui tournent le dos avec fierté. « Ce n’est pas ce dont on a besoin : on n'a plus de maisons, donc on a besoin de bâches et de tôles. On n'a plus de draps, de lits, d'endroits où dormir : tout est sous les décombres. Personne de l'Etat n'est venu voir quels sont nos besoins. Ils s'amusent avec nous et ce cyclone, alors qu'on vit la misère sous la pluie », commente-t-il.
Totalement désorganisés, les quelques volontaires repartent finalement avec leur camion, au grand regret de certains, mais la majorité des sinistrés sont formels : ils ne veulent pas la charité, mais de l'aide qui réponde à leurs besoins.