Barack Obama tenait à dire au revoir à son « amie » Angela Merkel. La chancelière allemande a également convié les chefs d’Etat et de gouvernement français et britannique à Berlin cette semaine. Pour la sixième fois, le président américain se rendra en Allemagne. Il était venu en 2008 avant même d’être élu, preuve de son attachement à ce pays, mais aussi au Vieux Continent, lui qui a toujours plaidé pour une Europe forte et unie selon la fondatrice du Laboratoire de la démocratie européenne.
« Obama s’était engagé contre le Brexit et il a toujours encouragé l’Europe, plus que n’importe quel autre président américain. Maintenant, avec Trump, on ne sait pas ce qu’il va se passer, mais Obama choisit aussi l’Europe, pour son dernier voyage, pour rappeler la tradition commune de démocratie libérale et peut-être aussi pour faire le deuil d’un monde qui est en train de partir », analyse Ulrike Guérot.
Inquiétudes européennes
L’élection de Donald Trump la semaine dernière a soulevé quelques inquiétudes chez les dirigeants européens. Martin Schulz, le président du Parlement de Strasbourg, a dit qu’il ne se « réjouissait pas de cette victoire de Donald Trump ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a rappelé dans sa lettre de félicitations à Donald Trump qu’il était « important de renforcer les relations transatlantiques ».
Pour sa part, après avoir parlé au téléphone avec le président élu, le chef de l'Etat François Hollande a expliqué qu’il fallait que le futur numéro un américain « clarifie certaines de ses positions ». En somme, un accueil peu chaleureux et assez craintif des Européens.
Un voyage pour rassurer ?
Ce voyage en Europe avait été prévu pour un tout autre scénario, explique Simon Serfaty. Selon le professeur de politique étrangère américaine à Norfolk, « Barack Obama voulait présenter Hillary Clinton durant ce voyage et dire aux dirigeants européens que les Etats-Unis resteraient fidèles à leurs engagements vis-à-vis de l’Union européenne ». Mais, à la surprise générale, c’est Donald Trump qui a remporté l’élection de la semaine dernière. Alors, que vont devenir les relations transatlantiques ? Quelle vision Donald Trump a-t-il pour l’Europe ?
Pour Martin Michelot, directeur d'Europeum, l’Institut des politiques européennes, si le président élu inquiète l’Europe, c’est parce qu’on retient surtout ses propos sur l’Alliance atlantique : « Il a dit qu’il désengagerait les Etats-Unis de l’Otan si les pays ne dépensaient pas 2 % de leur PIB sur leur budget de défense, au moins il a discuté des questions de sécurité. » Mais il faut rappeler que c’est quelqu’un qui « ne savait pas ce qu’était le Brexit quand on lui a posé la question la première fois et qui ensuite a repris cet argument à la fin de sa campagne. Donc, pour l’instant, on est vraiment dans la spéculation, du côté américain comme du côté européen », précise Martin Michelot.
Visite politique et symbolique
Il s’agit donc pour Barack Obama d’un voyage politique, mais également symbolique, puisque le président américain a choisi de se rendre aussi en Grèce, où il n’est jamais allé en tant que président. La Grèce, berceau historique de la démocratie. Barack Obama « est un féru d’histoire et il connaît la valeur de la Grèce et son acception historique », selon Martin Michelot.
« L’administration Obama a également beaucoup travaillé lors de la crise grecque, donc il y a un symbole historique mais aussi politique à aller en Grèce, et les Grecs apprécient beaucoup que Barack Obama vienne en Grèce pour faire son " legacy speech " », précise le directeur de l’Institut des politiques européennes. Voilà ce à quoi on s’attend mardi à Athènes de la part du président américain : un discours qui tiendra lieu de testament politique.