Au fil de la nuit, les traits étaient de plus en plus tirés au Javits Center de New York, rapporte notre envoyée spéciale, Marie Bourreau. Une attente insupportable, et un dénouement qui l’a été finalement tout autant.
Certains partisans de l’ex-secrétaire d’Etat hésitaient à partir, mais partir c’est aussi accepter la défaite et ils voulaient y croire jusque la dernière minute. D'autres supporters choqués, venus parfois de très loin, ont finalement quitté la salle en pleurant sans attendre le résultat final.
« C'est tout simplement incroyable, se désole Anabel Evora, une supportrice de Clinton de 51 ans. Je prie et je ne suis pas croyante. Nous avons besoin d'un miracle. Je suis triste, je sens que je vais pleurer. »
« Comme se réveiller après une énorme cuite »
« C’est comme se réveiller après une énorme cuite, explique au micro de RFI Marlon, un jeune démocrate présent au QG d'Hillary Clinton. On ne sait honnêtement pas à quoi s’attendre. C’est un nouveau monde qui s’ouvre et franchement il peut être terrifiant. Vous savez, malheureusement, les Etats-Unis ont une longue histoire de racisme et de mouvement anti-immigrés et anti-islam. Mon seul espoir dans tout cela, s'il y a un seul bon côté, c’est peut-être que nous avions besoin de descendre vraiment très bas pour revenir ensuite et être un endroit où il fera meilleur vivre. Demain est le premier jour de l’élection de 2020 donc il est temps de réagir ! », affirme le jeune homme.
On a encore beaucoup de mal à croire à l'élection de Donald Trump à New York qui est un bastion démocrate très fort. Il n’y a certainement que deux endroits dans la ville où on se réjouit toujours, ce mercredi : la Trump Tower et l’hôtel Hilton où Trump tient sa fête.
Dans le reste de New York, c’est la stupéfaction qui s’affiche à proprement parlé sur les murs de l’Empire State Building qui est éclairé aux couleurs des résultats, des résultats que beaucoup ont encore du mal à réaliser au QG de Hillary Clinton.
■ A San Francisco, la soirée épouvantable des démocrates
Avec notre envoyée spéciale à San Francisco, Carlotta Morteo
A San Francisco aussi, les démocrates ont passé une soirée qu'ils aimeraient pouvoir oublier. Nombreux sont ceux qui ont du mal à se remettre de l'échec d'Hillary Clinton et à se dire que Donald Trump sera bien leur prochain président
« La moitié de mon pays a décidé qu’un candidat soutenu par le Ku Klux Klan peut diriger la nation, j’ai honte », affirme un des supporter de Clinton. « Cette élection n’affecte pas seulement les Etats Unis, mais elle va avoir un impact sur le monde entier », ajoute un autre. Ces deux amis comme de nombreux démocrates sont choqués et inquiets. Ils ne sont pas restés pour écouter le discours de victoire de Donald Trump.
« Ceci est bien réel. C’est bien réel. Il a aussi le Sénat, la Chambre des représentants et il va nommer un juge de la Cour suprême, peut être même deux, c’est très inquiétant », se désole Michael Murphy. Un peu hagard, ce partisan d'Hillary cherche malgré tout, comme il peut, à rester optimiste. « Toute réaction provoque une contre-réaction, donc peut-être qu’après les quatre prochaines années de conservatisme extrême aux Etats Unis, peut-être qu'un nouveau programme libéral va émerger. »
D’autres comme Kaleb Cheldon, très élégant agent immobilier, tentent d’analyser pourquoi les sondages se sont si franchement trompés. « Cette élection se résume à un vote entre les urbains et les ruraux, les urbains ont voté pour Hilary, les ruraux pour Trump, mais les sondages sont majoritairement faits dans les zones urbaines parce que c’est là qu’ils maximisent leur investissement ! », explique-t-il.
Au volant de son taxi, Gurvindor Sin, d’origine indienne, américain depuis 7 ans qui a lui aussi voté pour Hillary Clinton, se dit, un peu fataliste, qu’il n’y a plus qu’à espérer. « Maintenant, il est le président, il n’est plus businessman, il président. On doit l’écouter, et voir s’il peut vraiment améliorer les Etats-Unis. »