Bataille de Raqqa: Washington tente de rassurer Turcs et Kurdes

Le chef d’état-major inter-armées américain Joe Dunford était en visite surprise ce dimanche 6 novembre à Ankara, alors que les dirigeants des Forces démocratiques syriennes –l’alliance arabo-kurde soutenue par Washington– assurent s’être entendus avec la coalition internationale pour que la Turquie ne joue aucun rôle dans la reprise de Raqqa.

« Nous sommes en contact étroit (…) avec nos alliés turcs, a assuré ce dimanche l’émissaire américain auprès de coalition internationale anti-EI, Amman Brett McGurk. C’est pourquoi le chef d’état-major inter-armées est à Ankara aujourd’hui. » Affirmant être en contact avec tous les intervenants, le responsable américain a indiqué que les Etats-Unis souhaitaient que l’offensive sur Raqqa soit « la plus coordonnée possible ».

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé ce dimanche le lancement de l’opération « Colère sur l’Euphrate » visant à reprendre Raqqa, capitale proclamée du groupe Etat islamique en Syrie. Les dirigeants de cette alliance arabo-turque soutenue par les Etats-Unis ont indiqué par la suite que Washington était d’accord pour que la Turquie ne joue aucun rôle dans l’opération.

Une déclaration qui va irriter Ankara

Vue de Turquie, cette déclaration pourrait être une réponse à l’arrestation de neuf députés du parti prokurde HDP, avance notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Une déclaration qui, par ailleurs, ne va pas manquer d’irriter Ankara.

Alors que la Turquie était déjà écartée des opérations visant à libérer Mossoul, le président Recep Tayyip Erdogan avait lancé, fin octobre, à l’adresse des Américains : « Laissez tomber les terroristes kurdes et expulsons ensemble Daech ». Car la Turquie considère les milices kurdes YPG, qui dominent les Forces démocratiques syriennes, comme proches du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), l’organisation séparatiste kurde en guerre contre le gouvernement turc depuis 1984.

Ankara ne veut donc pas voir les YPG partir à l’assaut de Raqqa et consolider ainsi une influence kurde dans la région. De même, les Kurdes syriens ne veulent pas voir les forces turques partir à l’assaut de la ville. Washington s’attache donc à ménager les tensions. Des responsables américains ont indiqué à l’Agence France-Presse qu’il reviendra en priorité à des forces arabes d’entrer dans Raqqa, ville à majorité arabe. Et si la Turquie pourrait participer aux opérations de reconquête, la nature exacte de son rôle reste encore à déterminer, selon Washington.

Le sujet a été abordé lors de la visite du chef d’état-major interarmées Joe Dunford ce dimanche à Ankara. Mais il n'est pas certain que le général américain parvienne à arrondir les angles face à un pouvoir turc de plus en plus braqué sur la question kurde.

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