Avant de devenir sénateur conservateur du Parti républicain brésilien, Marcelo Crivella, évêque de la puissante Eglise universelle du royaume de Dieu, a eu plusieurs vies.
Chauffeur de taxi, militaire, missionnaire en Afrique, chanteur de gospel. Il a même été ministre de la Pêche dans le gouvernement de Dilma Rousseff entre 2012 et 2014, mais il a su prendre ses distances avec cette gauche brésilienne minée par les scandales de corruption.
Tout comme il a su lisser son image durant la campagne des municipales. La presse a eu beau exhumer un livre de la fin des années 90 dans lequel il accusait l’Eglise catholique de « prêcher des doctrines démoniaques » et qualifiait l’homosexualité de mal terrible, il n’a pas eu de mal à vaincre le candidat de l’extrême gauche, Marcelo Freixo.
Paradoxe
Balayant ce qu’il a appelé des « erreurs de jeunesse », Crivella s’est présenté aux électeurs comme étant plus tolérant et modéré, ouvert même au mariage gay. Ce qui ne l’a quand même pas empêché d’accuser son adversaire de vouloir populariser les avortements ou légaliser la cocaïne.
Reste que l’élection d’un évêque évangélique puritain, dans un pays très catholique et de surcroit à Rio, capitale mondiale du carnaval, de la fête, et de tous les excès peut sembler paradoxale. Crivella a reçu le soutien des milieux défavorisés, où le culte évangélique gagne du terrain. Mais il a aussi profité du fait que les électeurs n’avaient pas vraiment un grand choix, après la rupture de l’alliance entre le Parti des travailleurs et le parti de centre droit du maire sortant Eduardo Paes.