Las Vegas, dernière étape du marathon de campagne Trump-Clinton

Le dernier débat de la présidentielle américaine a lieu mercredi 19 octobre dans le Nevada, un Etat du sud-ouest américain où toutes les problématiques nationales sont représentées. Donald Trump et Hillary Clinton sont quasiment à égalité. Les sondages ne sont pas extraordinaires pour les démocrates malgré les derniers scandales dans le camp républicain. Car dans le Nevada les supporters indéfectibles du milliardaire sont nombreux. C’est sans doute, d’ailleurs, ce qui mobilise la communauté latino-américaine, et les syndicats de Las Vegas.

De notre envoyée spéciale à Las Vegas,

« Bonjour, mon nom est Victor, j’appartiens au syndicat de l’hôtellerie ». Victor fait du porte-à-porte dans la banlieue nord de Las Vegas, il est volontaire, appointé et formé par le syndicat des métiers de l’hôtellerie, très puissant dans cette ville de casinos, un syndicat qui apporte son soutien à Hillary Clinton. « Donc, soyez motivé, car ce week-end va commencer le vote anticipé ». Cet électeur n’est pas très difficile à convaincre. André est démocrate, il a déjà fait son choix. « Nous allons voter Hillary, car je vais mieux dormir la nuitJ’ai twitté ça récemment : si vous deviez confier vos enfants pour une semaine à Trump, Trump tout seul… ou Hillary seule… lequel choisiriez-vous ? Je crois que la plupart des gens vont choisir de laisser leurs enfants à Hillary. Donc, cela nous dit qu’on peut lui faire confiance… plus qu’à Trump ».

La communauté latino, au coeur des enjeux dans le Nevada

Un peu plus tôt dans la matinée, Victor a participé à un séminaire de formation. Ce porte-à-porte ne doit rien au hasard. Chacun part avec les fiches qui correspondent au quartier qu’il va quadriller. On sait exactement avant de sonner quel est le profil de la famille, démocrate ou pas, électeur ou abstentionniste. Dans un Etat où la communauté latino représente 30% de l’électorat, le double des statistiques nationales, le soutien apporté à Hillary Clinton peut être décisif. La crainte d’Ivana, l’une des formatrices est l’abstention : « Notre job est de faire en sorte que les gens aillent voter. Donc, nous nous occupons de tout : que les gens sachent où aller, ou même les accompagner le jour de l’élection. Je crois que de plus en plus de Latinos, ici dans le Nevada, réalisent qu’ils peuvent définir qui va devenir président des États-Unis ».

L’un des facteurs de cette abstention est la lassitude des électeurs. Ils ont voté pour Barack Obama. Ce dernier a trop attendu pour mettre en route sa réforme de l’immigration, et le Congrès a réussi à bloquer le texte. Comme l’explique Alexander, certains électeurs sont dépités : « Il y a de la désillusion. Ils sont toujours démocrates, car ils connaissent les sentiments anti-immigration des républicains, donc ils ne vont pas voter pour eux. Mais nous devons nous assurer qu’ils votent. Nous devons les motiver pour voter. C’est le plus gros problème avec ceux qui pensent que leur voix ne change rien, qu’elle ne compte pas ».

Trump, le déclic pour une mobilisation autour de Clinton

Le meilleur remède contre cette apathie est peut-être Donald Trump. Nelson a pris un congé de trois mois, rémunéré par son syndicat pour travailler à la mobilisation de la communauté. Et il le reconnaît, le facteur Trump a finalement été le déclic pour de nombreux Hispaniques : « Oui, je reconnais qu’il a joué un rôle, mais dans mon message, j’insiste sur les raisons pour lesquelles nous devons élire Hillary Clinton.  Je l’ai soutenue en 2008 quand elle était candidate. C’est un rêve qui se réalise ».

Depuis un peu plus d’un an, depuis les propos insultants de Donald Trump sur les Mexicains, depuis la promesse de construire un mur à la frontière sud des États-Unis, les demandes de naturalisation sont en hausse de 63% dans le Nevada. Cela donne de bons arguments à Alexander dans sa journée de porte-à-porte : « Moi, j’ai un message : il est possible qu’un de ces jours, si Trump gagne, au lieu de voir les bus scolaires jaunes parcourir vos rues, vous ayez les bus verts de l’immigration qui ramasseront les gens pour les faire sortir du pays… ».
 

Partager :