« Regardez : la nature n’existe plus. » « Ici, parterre, c’est de la papaye. Là vous avez ce qui reste de mes champs de patates, de haricots et de manioc », se désespère un agriculteur. Dans certaines zones, presque toutes les récoltes ont été détruites et il n'y a plus rien à récolter. Pour ceux qui vivent de la terre, les semaines à venir seront difficiles car la saison agricole d’hiver ne débute qu’en janvier.
« Ici, ces arbres ne se régénèreront plus, poursuit l'homme. Ceux-là, là-bas, pourraient peut-être reproduire des fruits d’ici trois ou quatre ans. Mais est-ce que nous, nous allons pouvoir survivre pendant trois ou quatre ans sans nourriture ? »
« J’étais au marché faire des courses grâce à l’argent qu’un de mes enfants m’a rapporté de Port-au-Prince. J’ai acheté du maïs, de l’huile et du sucre. Avec ça on ne tiendra pas jusqu’à la fin de la semaine », se lamente sa femme.
Et le matin, c’est difficile parfois de trouver le courage pour se lever, avoue cet agriculteur. « Ce que nous avons vécu joue sur notre moral. Nous sommes vraiment traumatisés. Quand nous ressassons ce qui s’est passé, nous sommes abattus. Nous vivons de la terre. Si la terre est dévastée, notre vie est dévastée ».
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