Venezuela: une journée de mobilisation massive à l'appel de l'opposition

Après les chavistes soutiens du pouvoir mercredi, l'opposition défiait à son tour ce jeudi 1er septembre à Caracas pour réclamer le départ du président Nicolas Maduro. Plusieurs leaders antichavistes ont été arrêtés ces derniers jours sur fond de grave crise économique et politique. Mais cela n'a pas empêché la population de venir manifester massivement dans les rues de la capitale, et les médias étrangers de suivre la rassemblement malgré les difficultés qu'ils ont rencontrées. L'opposition revendique plus d'un million de manifestants.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez

Très suivie, la manifestation s'est terminée aux alentours de 14h heure locale, soit 20h heure de Paris. Aucun n'incident majeur n'était à déplorer si ce n'est quelques tensions et échanges de gaz lacrymogènes entre manifestants cagoulés et forces de l'ordre du côté de Las Mercedes, à la fin de la manifestation. L'opposition l'avait assuré : la marche n'ira pas au palais présidentiel. Ce jeudi, elle s'est concentrée sur la partie est de la capitale, traditionnellement d'opposition. Les trois artères principales de la capitale vénézuélienne, les avenues Francisco de Miranda, Libertador et Rio de Janeiro étaient littéralement noires de monde dès 8h le matin.

Jusqu'ici, toutes les manifestations convoquées par l'opposition cette année s'étaient soldées par des échecs. Cette fois-ci, Caracas a assisté à une mobilisation en masse comme en témoigne Alejandro. « Je suis agréablement surpris : j'ai dû faire au moins une cinquantaine de marches mais jamais je n'aurai pensé que la manifestation de ce jeudi aurait une telle ampleur, explique t-il à RFI. Je crois que c'est parce que cette fois-ci, tout est beaucoup mieux organisé et que les partis de l'opposition se sont complètement unis. Pour moi, c'est un vrai symbole qui est envoyé parce que c'est la première fois que je ressens que nous sommes effectivement une majorité, non pas une courte majorité mais bien une majorité abyssale car l'opposition capitalise sur le mécontentement dans le pays et parvient à mobiliser dans la rue les Vénézuéliens ».

Un enthousiasme partagé par Hector, retraité depuis peu. Galvanisé par cette manifestation, il croit encore possible un référendum révocatoire avant la date butoir du 10 janvier 2017. Dans le cas contraire, il ne cache pas son inquiétude. « Le Conseil national électoral doit arrêter de jouer avec le peuple vénézuélien parce que le référendum révocatoire permet un changement légal et constitutionnel de gouvernement. Si les autorités empêchent ce référendum, les conséquences pourraient être funestes : pour moi, c'est indiscutable, sans référendum il y aura une explosion sociale parmi les gens les plus pauvres de Caracas mais aussi de tout le pays car ce n'est pas une crise simplement de la capitale mais bien du Venezuela tout entier. »

Des journalistes internationaux empêchés de couvrir la manifestation

Des journalistes étrangers ont été empêchés de se rendre au rassemblement. Parmi eux, John Otis, de la radio américaine NPR, et Cesar Moreno, de la radio colombienne Caracol. Marie-Eve Detoeuf, correspondante pour RFI et le journal Le Monde, a aussi été expulsée mercredi 31 août, à la veille de la manifestation.

Venue demander une date pour la prochaine étape du référendum révocatoire contre le président Nicolas Maduro, l'opposition fait donc une rentrée réussie ce 1er septembre. L'opposition a d'ores et déjà annoncé qu'elle marchera le 7 septembre prochain vers tous les bureaux régionaux du Conseil national électoral.

Partager :