Fidel Castro a renoncé au pouvoir en 2008 au profit de son frère Raul, en raison de problèmes de santé. Mais il a conservé le titre de « dirigeant historique ». Même si dans le journal officiel Granma, on pouvait lire que l'ancien président souhaite fêter son anniversaire « dans la discrétion », les manifestations en son hommage se succèdent comme celle organisée par les jeunes militants de l'organisation latino-américaine étudiante OCLAE, qu'a rencontrés notre correspondante à La Havane, Anna Lucas.
Du Salvador, du Mexique, d'Equateur, de Martinique, quelque 180 étudiants de 14 pays différents sont réunis à Cuba pour célébrer les 90 ans de leur héros, Fidel Castro. Vendredi soir, ils ont planté un arbre en hommage à l'ancien président.
Ces jeunes militants latino-américains ont le sentiment de vivre un moment historique. « C'est un modèle pour nous les jeunes, les étudiants. Pour tout ce qui nous a été transmis, toute sa pensée depuis son accession au pouvoir. Et surtout, pour son combat constant pour la justice et contre l'impérialisme », explique Heidy Biyuendas, Cubaine et présidente de l'OCLAE.
« Il a fait tourner la tête à 10 présidents des Etats-Unis... Levez-vous ! »
Hector, un Colombien, ne cesse de remercier Fidel Castro pour le rôle qu'il aurait joué dans la construction de la paix pour son pays. C'est important pour lui d'être ici pour celui qu'il appelle le « père de la grande patrie ». « Pour n'importe quel étudiant du monde, mais spécialement pour les Latino-Américains, y participer est une très grande fierté ! », explique-t-il.
« Il y a encore des gens assis, ça ne va pas ! Fidel a été debout, digne, 90 ans ! Il a fait face à l'impérialisme, il a fait tourner la tête à 10 présidents des Etats-Unis... Levez-vous ! Celui qui ne se lève pas est un YANKEE !! », harangue une femme.
Apparition du père de la révolution
Samedi soir, parmi les nombreuses célébrations qui se sont tenues dans toute l'île, une chorale a chanté des chants socialistes en hommage à Fidel Castro. Le tout devant la « tribune anti-impérialiste » qui se trouve juste en face de l'ambassade des États-Unis de La Havane, qui fête, elle, sa première année d'ouverture dimanche.
Au théâtre Karl Max, des enfants ont également interprété des pièces de théâtre louant les qualités du commandant. Et surprise, sans avoir été annoncé, l'ancien président s'est fendu d'une apparition.
Vêtu d'un survêtement vert et blanc, le regard fixant les petits chanteurs cubains, Fidel Castro ne ressemble alors en rien aux portraits de lui en noir et blanc projetés derrière la scène. Il tient parfois fermement la main de son allié vénézuelien, Nicolas Maduro, dont la présence sur l'île est aussi une surprise.
Au départ très officielle, la cérémonie prend des airs de fête conviviale et les enfants se mettent à chanter « Cuba, que linda es Cuba », une chanson de Carlos Puebla, troubadour de la révolution, qui raconte l'épopée des guérilleros dans la Sierra Maestra.
Les apprentis révolutionnaires pointent parfois du doigt l'homme de 90 ans au premier rang, qui leur sourit. Et quand vient le moment de chanter un « joyeux anniversaire » au père de la révolution, la foule se lève, laissant Fidel Castro seul assis sur sa chaise. Il faut attendre quelques minutes pour que son frère Raùl se décide à lui prendre l'épaule pour le lever doucement.
→ Écouter sur RFI : Les 90 ans de Fidel Castro (reportage audio)