Argentine: la justice aux trousses de Hebe de Bonafini

Un juge a ordonné jeudi 4 août 2016 au soir la détention de la présidente de l'association emblématique des Mères de la place de Mai, symbole de la résistance pendant les années de dictature militaire argentine, pour une affaire de détournement de fonds publics.

L'ordre d'arrestation, pour « rébellion » contre Hebe de Bonafini, a été lancé parce que cette dernière a refusé de se présenter à une convocation de la justice pour s'expliquer sur des irrégularités constatées dans l'utilisation de fonds publics pour un programme lancé par l'association des Mères de la place de Mai. C'est la deuxième fois que Hebe de Bonafini ignore une convocation du tribunal. Aussi le juge Marcelo Martínez de Giorgi a-t-il pris la décision de l'arrêter pour lui « apprendre à respecter la justice ».

Ce programme de logements sociaux des Mères de la place de Mai, Sueños Compartidos, comprenait également le financement d'écoles et de centres de santé dans les quartiers pauvres. Il a été lancé par l'association pendant les présidences de Nestor et Cristina Kirchner (2003-2015) et bénéficiait du soutien financier de l'Etat. Une manne de quelque 53 millions de dollars US. Le programme a été interrompu en 2011 à la suite d'accusations de corruption.

Le soutien des kirchnéristes

L'ancien fondé de pouvoir des Mères de la place de Mai, Sergio Schoklender, est poursuivi par la justice dans ce même dossier. Il accuse notamment Hebe de Bonafini et l'association d'avoir financé des campagnes électorales de responsables du Parti justicialiste, notamment Cristina Kirchner et Amado Boudou, son vice-président lorsqu'elle était à la tête de l'Etat argentin.

Jeudi soir, les proches des Mères de la place de Mai se sont donné rendez-vous au siège de l'association et sur la place de Mai pour, comme chaque jeudi lors des marches des Mères, lui exprimer leur soutien. « S'ils veulent m'arrêter, qu'ils m'arrêtent ! », a lancé Hebe de Bonafini, 87 ans, qui marche depuis près de quarante ans, coiffée du symbolique foulard blanc, sur la place du palais présidentiel pour demander justice après la disparition en 1977 de ses deux fils et de sa belle-fille pendant la dictature militaire (1976-1983). Hebe de Bonafini était entourée de proches, ex-ministres ou ex-fonctionnaires des présidences Kirchner.

avec AFP

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