Tuerie de Dallas: prudence et retenue chez les candidats à la Maison Blanche

Après la fusillade de Dallas, la campagne électorale à la présidence a fait une pause. Les deux candidats à la Maison Blanche, Donald Trump et Hillary Clinton, ont condamné les violences de ces derniers jours, mais aussi baissé le volume dans les attaques qu'ils échangent régulièrement entre eux lors de leurs rassemblements. L’actuel président, Barack Obama, appelle lui à une Amérique « solidaire » après ce drame.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

Les réactions des deux candidats à la Maison Blanche ont été grosso modo identiques : une condamnation de l'acte de vengeance perpétré par Micah Johnson. Le magnat de l'immobilier a toutefois, dans un spot télévisé, surtout exprimé sa sympathie pour les policiers abattus.

« Nous devons être solidaires des représentants de l'ordre dont nous devons nous rappeler qu'ils sont la force entre un monde civilisé et le chaos total, explique Donald Trump. Chaque Américain a le droit de vivre en sécurité et dans la paix. » Un droit que possédaient aussi les deux Noirs abattus par des policiers en Louisiane et au Minnesota, affirme le candidat républicain. Son ton se veut donc beaucoup plus sobre que celui de ses meetings.

De son côté, Hillary Clinton, devant un auditoire à majorité noire, a aussi dénoncé le comportement de ceux qui maltraitent les minorités et lancé un appel à l'unité nationale. « Les Blancs doivent vraiment faire un effort d'écoute lorsque les Afro-Américains évoquent les barrières visibles et invisibles auxquelles ils font face chaque jour », a lancé la candidate démocrate.

Hillary Clinton adopte une ligne prudente, comme celle du président Barack Obama, qui consiste à vouloir calmer la colère des Noirs sans offenser les forces de l'ordre qui ont le sentiment de n'être pas soutenu par leur gouvernement.

Pour Obama, l'Amérique n'est « pas aussi divisée qu'on le suggère »

Si Obama reconnaît que les tensions raciales continuent d'exister aux Etats-Unis, il souligne que des progrès ont été accomplis et rejette toute comparaison avec la violence des années 60 et 70.

« Il n'y a pas d'émeutes. Vous ne voyez pas des policiers attaquant des gens qui manifestent pacifiquement, affirme-t-il. Nous devons nous assurer que nous ne pensons pas constamment le pire des autres, au lieu du meilleur. Si nous y parvenons, je suis confiant que nous continuerons de faire des progrès. »

Barack Obama s'efforce d'adopter une position équilibrée qui ne satisfait personne : les Noirs voudraient qu'il condamne avec plus de force les policiers, alors que les Blancs l'accusent de ne pas les défendre assez. S’il affirme que le pays n'est « pas aussi divisé qu'on le suggère », les Américains, eux, n'en sont pas aussi sûrs. En élisant leur premier président noir, ils avaient espéré faire entrer leur pays dans une ère post-raciale. Mais à l’heure où Barack Obama s'apprête à quitter la Maison Blanche, cet espoir s'est dissipé et la déception est générale.

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