De notre correspondant à Rio de Janeiro, François Cardona
C'est le nouveau phénomène, en ligne au Brésil : le vomitaço, « le grand vomi ».
Des opérations éclairs, lancées sur Internet, avec pour résultat des milliers de petites icônes, inspirées des célèbres « smileys » et autres « émoticônes », mais avec une tête verte, malade, les yeux plissés, en train de vomir de la bile.
Avec la crise politique en cours, les multiples accusations de corruption à l'encontre de très nombreux politiques - des députés, des sénateurs, des ministres -, la sortie de Dilma Rousseff du palais présidentiel et l'arrivée du nouveau président par intérim Michel Temer n'ont pas suffi à calmer la colère de nombreux Brésiliens, bien au contraire.
Depuis quelques semaines, organisés en ligne, des centaines de milliers de Brésiliens se prêtent au jeu, et « vomissent » sur les pages Facebook et les sites des principaux responsables politiques aujourd'hui au pouvoir, à l'origine de la demande de destitution de la présidente Dilma Rousseff.
Plein de « têtes de vomi » sur la page de la présidence brésilienne
La page Facebook du mouvement Vomitaço compte aujourd'hui près de 170 000 abonnés dans tout le Brésil. Ce sont un père et son fils, révoltés contre le climat politique qui règne dans le pays, qui ont eu l'idée du vomi en ligne, après avoir vu deux députés se cracher dessus le mois dernier à la télévision.
Leur initiative s'est transformée en un raz-de-marée de vomi. Depuis, ça n'arrête plus. Les cibles se multiplient. Il faut dire que l'actualité politique continue de s'y prêter. Dernier fait d'arme : l'opération spéciale Michel Temer, à l'occasion de sa venue du président par intérim à Rio de Janeiro, où il a rencontré le président du comité olympique.
Le mouvement Vomitaço, après la visite, a revendiqué 100 000 « têtes de vomi » postées sur la page Facebook du palais présidentiel, le Planalto. Et les énièmes accusations de pots-de-vin versés à de très nombreux politiques, que la presse brésilienne a rendues publiques ces derniers jours, a amplifié le phénomène.
Un ancien dirigeant d'entreprise corrompu, mais repenti, qui collabore maintenant avec la justice dans le cadre de l'enquête du scandale Petrobras, affirme que plus de 30 millions d'euros auraient été versés à tous les partis politiques brésiliens. Et de citer le président par intérim. Le mouvement Vomitaço a donc encore de beaux jours devant lui.