Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le débat est public aux Etats-Unis, les injections létales sont de plus en plus difficiles à réaliser, car les firmes pharmaceutiques européennes refusent, depuis des années, de vendre leurs produits à ces fins.
L’Américain Pfizer a décidé de se ranger aux arguments des plus importants laboratoires au monde : « nos produits sont destinés à sauver des vies » explique Pfizer dans un communiqué, « conformément à nos valeurs nous sommes choqués par le détournement de nos remèdes pour tuer des prisonniers ».
Conscient que cette décision peut être détournée, le laboratoire annonce une procédure de suivi de ses commandes, afin d’éviter la mise en place d’intermédiaires qui pourraient fournir les drogues en question aux centres pénitentiaires.
Trente-et-un Etats américains continuent d’appliquer la peine de mort, et il est vrai que la pénurie de produits mortels a obligé certaines prisons à retarder des exécutions qui n’ont jamais été aussi peu fréquentes depuis 25 ans.
Certes les organisations qui luttent contre la peine de mort se félicitent, mais les Etats préparent des solutions alternatives. L’Utah et l’Oklahoma par exemple, ont réintroduit le peloton d’exécution.
■ Des précédents
Plusieurs entreprises pharmaceutiques ont cessé de vendre les agents chimiques utilisés à des fins d’injection létale. A l’été 2009, l’entreprise Hospira, l’unique fabricant américain de Thiopental sodique, a suspendu sa production, faute de pouvoir se fournir en principe actif. Se tournant vers un laboratoire près de Milan, Hospira est tombé sous le coup de la juridiction européenne interdisant le commerce de produits utilisés à des fins de peine de mort. Fin 2010, Hospira a définitivement mis fin à la fabrication, empêchant certains Etats de procéder aux exécutions.
A cela s'est ensuite ajouté le fait que l'Union européenne a interdit de fournir les Etats-Unis. Tour à tour, une vingtaine de groupes et de laboratoires pharmaceutiques européens se sont rétractés de leur coopération en la matière avec des clients américains.