Liberté de la presse: les Amériques passent derrière l'Afrique au classement RSF

La liberté de la presse s'est dégradée dans toutes les régions du monde en 2015, selon le rapport annuel de Reporter sans frontières (RSF), publié mercredi 20 avril. Pour la première fois, celle-ci a particulièrement reculé sur le continent américain, qui passe derrière l’Afrique.

Tout un symbole : il est plus facile d’être journaliste en Côte d’Ivoire ou en Namibie qu’au Venezuela ou au Nicaragua. En cause : la méfiance des pouvoirs en place envers les médias. « Les dirigeants de très nombreux pays développent une forme de paranoïa contre l’exercice légitime du journalisme. Il y a un climat de peur, d’intimidations, de reprises en main des médias dans de très nombreux pays », explique sur RFI Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

En Amérique latine, « la violence institutionnelle [au Venezuela, 139e ou en Equateur, 109e], celle du crime organisé [comme au Honduras, 137e], l'impunité [comme en Colombie, 134e], la corruption [comme au Brésil, 104e], la concentration des médias [comme en Argentine, 54e] constituent les principaux obstacles à la liberté de la presse », souligne RSF dans son rapport intitulé La paranoïa des dirigeants contre les journalistes.

En Amérique du Nord, les Etats-Unis (41e) pâtissent de la cyber-surveillance et le Canada, qui perd 10 places (18e), a vu sa situation se dégrader « pendant la fin du mandat de l'ancien Premier ministre Stephen Harper », selon l’ONG.

Les violences envers les journalistes ne font qu’augmenter

Conséquence : les Amériques passent ainsi derrière l'Afrique. Le rapport précise néanmoins que le continent africain et le Moyen-Orient restent des régions du monde où les journalistes sont « les plus soumis à des contraintes de toutes sortes ».

« Il y a une telle dégradation dans les Amériques, en Amérique latine avec des violences perpétrées contre les journalistes qui ne font malheureusement qu’augmenter », note Christophe Deloire. Pour l'invité de RFI, ce danger encouru par les professionnels de l’information est « lié aux trafiquants et aux mafias » et très souvent « avec de grandes accointances » de ceux-ci avec « les pouvoirs locaux ». Le secrétaire général précise également que « des groupes de médias sont assujettis à des intérêts privés ».

Ce classement de la liberté de la presse dans 180 pays, publié depuis 2002, s'appuie sur une série d'indicateurs : pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures et exactions.

 → Consulter le classement mondial de Reporters sans frontières

(Avec AFP)

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