Brésil: le calvaire de Dilma Rousseff se poursuit

Au Brésil, la présidence Dilma Rousseff ne tient plus qu’à un fil. Ce dimanche 17 avril, les députés de la Chambre se sont prononcés pour l’ouverture d’une procédure de destitution. 367 parlementaires ont souhaité la sortie de Dilma Rousseff, 137 l’ont rejetée. Un résultat sans appel et un cuisant échec pour le gouvernement qui reconnaît avoir perdu une bataille mais ne veut pas s’avouer vaincu.

La session extraordinaire restera dans les annales de l’histoire politique du Brésil. Les 513 députés brésiliens sont montés un par un sur la tribune, le 17 avril, pour annoncer leur vote. La procédure a duré plusieurs heures dans une ambiance très tendue. Il y a eu des empoignades et beaucoup d’insultes.

Vote mouvementé à la Chambre

Un député, contre la procédure de destitution, a même craché sur un collègue, en descendant de la tribune. D’autres ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autre « Non au coup d’Etat ! ». Certains élus conservateurs ont mis un drapeau brésilien sur leurs épaules avant de se prononcer.

Pour soutenir le gouvernement et l’opposition, des milliers de Brésiliens sont descendus dans la rue. Rien qu’à Brasilia, environ 80 000 personnes ont suivi le vote retransmis sur des écrans géants installés devant le Parlement. Des manifestants séparés par une imposante barrière métallique, symbole d’un pays coupé en deux. D’un côté les partisans de l’opposition en vert et jaune et de l’autre côté les sympathisants de la présidente, vêtus en rouge, la couleur du Parti des travailleurs.

A 23h07, des cris de joies ont retenti sur l’esplanade devant le Parlement, du côté des adversaires de Dilma Rousseff car à ce moment-là, le député Bruno Araujo du PSDB, le parti social-démocrate, a pris la parole. Bruno Araujo s’est prononcé pour l’ouverture de la procédure de destitution contre la présidente. Avec ce vote, les deux-tiers des voix requises pour autoriser le Sénat à mettre en accusation Dilma Rousseff ont été atteints.

Dilma Rousseff reste combative

La présidente Dilma Rousseff n’a pas encore réagi officiellement. Après le vote des députés, elle a convoqué une réunion de crise à Brasilia. Mais son entourage dénonce déjà un coup d’Etat, un procès politique. Le Parti des travailleurs propose la tenue d'élections anticipées en 2016.

D’après l’avocat général du Brésil, Eduardo Cardozo, Dilma Rousseff n’a nullement l'intention de démissionner comme l’avait fait l’ancien président Fernando Collor menacé par une procédure de destitution en 1992. « On va continuer à lutter et essayer d’empêcher que le Sénat se prononce pour la destitution »,  a laissé entendre un proche de la présidente.

Suite de la procédure

A présent, c’est le Sénat qui doit se prononcer sur le départ définitif de la présidente, probablement vers la mi-mai. Il suffira d'un vote à la majorité simple pour que Dilma Rousseff soit mise en accusation pour « crime de responsabilité » - l’opposition lui reproche d’avoir maquillé les comptes publics. La présidente sera écartée du pouvoir pendant une période qui peut aller jusqu’à six mois.

La Cour suprême se penchera alors sur l’affaire, avant le verdict final du Sénat pour lequel une majorité des deux tiers est requise. Pendant cette période, le vice-président Michel Temer assumerait alors les fonctions du président et formerait un gouvernement de transition. Michel Temer, président du parti centriste PMDB est lui-même accusé de corruption. Selon plusieurs journaux brésiliens, une majorité des sénateurs sont favorables à une destitution de la présidente.

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