Le gouvernement a déposé trois recours en justice pour annuler la procédure de destitution en cours. Les juges de la Cour suprême se sont réunis dans la soirée, tard dans la nuit même. Leur décision n'est pas encore connue. Si les partisans de Dilma Rousseff parviennent à bloquer l’offensive de l’opposition, l’affaire est réglée, et Dilma Rousseff reste présidente. Si au contraire, l’opposition parvient à rassembler une majorité des deux tiers, l'affaire se poursuit...
Dilma Rousseff est au cœur d’un scandale qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Elle est accusée par l’opposition d’avoir maquillé des comptes publics en 2014, année de sa réélection. Pour sauver son mandat, la présidente brésilienne tente de mettre toutes les chances de son côté. Dimanche, les députés doivent se prononcer sur la destitution de la dirigeante de gauche. En théorie, si un tiers des élus est favorable à son maintien, Dilma Rousseff conservera le pouvoir.
Mais la présidente brésilienne a beau se raccrocher à cette option, la réalité semble la rattraper. Depuis mardi 12 avril, elle est confrontée à une avalanche de défections. Sa coalition est en train de voler en éclats.
A travers son recours introduit auprès du Tribunal suprême, Dilma Rousseff joue donc le tout pour le tout. Elle espère mettre un frein à cette procédure de destitution. Elle peut compter sur le fait que le haut magistrat en charge de ce dossier est considéré comme proche du gouvernement. En revanche, si le recours est rejeté pour une raison ou pour une autre, la présidente brésilienne sera en mauvaise posture.
L’opposition met déjà tout en œuvre pour réunir deux tiers des votes des députés. Cela permettrait de renvoyer la procédure de destitution devant le Sénat. Si cette étape est franchie, la situation deviendrait alors extrêmement critique pour Dilma Rousseff.
Dans une ultime tentative de sauver son mandat, elle a proposé - en cas de rejet de la destitution - un gouvernement d'une national. Mais cette option parait peu réaliste, selon Philippe Faucher, spécialiste du Brésil à l'université de Montréal.
Des manifestations sont prévues dimanche dans plusieurs villes du pays, rapporte notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard. Les gens vont suivre le décompte des voix, une par une. A Brasilia, les manifestants pour et contre Dilma Rousseff vont être séparés par une barrière de deux mètres de haut pour éviter les incidents
A noter par ailleurs que les ambassades de France et des Etats-Unis ont demandé à leurs ressortisants de rester à l’écart des manifestations car la fièvre risque de monter en flèche !