Présidentielle au Pérou: Keiko Fujimori largement en tête du premier tour

La fille aînée de l'ex-président Alberto Fujimori, en prison pour violation des droits de l'homme et corruption, est arrivée en tête du premier tour de l'élection présidentielle au Pérou. Keiko Fujimori était donnée favorite du scrutin. Elle sera opposée à Pedro Pablo Kuczynski, ex-Premier ministre et ancien économiste de la Banque mondiale. 

Avec notre correspondant à Lima, Eric Samson

Keiko Fujimori face à Pedro Pablo Kuczynski. Ce sera l'affiche du second tour de la présidentielle péruvienne, le 5 juin 2016. Un temps au coude-à-coude avec la candidate de gauche Veronika Mendoza à l'issue du scrutin dimanche soir, c'est finalement l'ancien ministre libéral qui affrontera Keiko, la fille de l'ex-président Alberto Fujimori. 

Arrivée en tête avec une bonne longueur d'avance, selon des résultats partiels portant sur le dépouillement de 40% des bulletins, elle obtiendrait plus de 40% des suffrages.  Keiko Fujimori a donc pratiquement doublé le capital politique de son père. Elle a lancé un appel à la réconciliation tout en promettant de poursuivre la lutte contre le terrorisme, un succès reconnu du gouvernement de son père : « Nous allons rendre à la population la paix et la tranquillité qui ont été brisées par l‘assassinat de 7 personnes par le Sentier lumineux. Nous regrettons que ce gouvernement ait permis non seulement que la criminalité avance dans nos rues et que le Sentier lumineux continue de tuer et répandre le sang de nos soldats dans le pays. »

Ses deux principaux adversaires sont loin derrière. Pedro Pablo Kuczynski rafle autour de 24% des voix tandis que Veronika Mendoza est créditée d'un peu plus de 17% des suffrages. M. Kuczynski devra donc ratisser large. Il lui faudra plus que doubler ses 21% de suffrages pour espérer l’emporter au 2e tour : « Nous allons expliquer que notre programme vise le progrès du Pérou. Nous allons chercher les meilleurs spécialistes de tous les partis politiques pour former une équipe du plus haut niveau. »

Keiko veut se faire un prénom

A 40 ans, la candidate du parti de droit Fuerza Popular était donnée grande favorite du scrutin. Dans sa première intervention devant ses partisans, elle a affirmé que le Pérou avait besoin de paix et appelé à la réconciliation. Dans un pays où son nom de famille est toujours polémique, Keiko cherche visiblement à se faire un prénom plus acceptable pour cette partie de la population qui reconnaît le bilan de son père mais également ses abus.

En effet, Alberto Fujimori, qui a dirigé le pays pendant dix ans, est vu comme celui qui est venu à bout de la guérilla du Sentier lumineux. Mais il purge désormais une peine de 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste. Il a également été reconnu coupable de corruption.

Pas de majorité absolue au Congrès ?

Déjà élue député en 2006, candidate présidentielle en 2011, Keiko Fujimori n’a pas cessé de consolider le mouvement hérité de son père. A la différence de ses adversaires, elle a multiplié les déplacements dans le pays et devrait disposer de plus de 60 députés sur 130 au Congrès, soit à peine quelques sièges en dessous de la majorité absolue.

Ce sont 23 millions de Péruviens qui étaient appelés aux urnes pour élire leur président à l'issue d'une campagne chaotique. La veille du vote, deux attaques meurtrières, attribuées à des forces résiduelles de l'ex-guérilla du Sentier lumineux ont eu lieu. Le nouveau président doit entrer en fonction le 28 juillet.

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