Dans le Wisconsin, Etat du Middle West, Bernie Sanders bat Hillary Clinton pour la sixième fois en l'espace de deux semaines. De quoi appuyer ses dires, puisque l'outsider martèle que la dynamique électorale est de son côté. « La dynamique, c'est d'avoir commencé cette campagne il y a 11 mois, alors que les médias nous qualifiaient de marginaux », a lancé le sénateur du Vermont mardi soir.
Concrètement, selon des résultats partiels, la victoire de M. Sanders semble nette, puisqu'il est crédité d'un peu moins d'une dizaine de points d'avance. Une fois de plus, il a notamment capitalisé sur les suffrages des plus jeunes, dans cet électorat démocrate plus blanc que ceux du sud du pays, où la minorité noire soutient massivement Hillary Clinton. Selon les sondages sortie des urnes, 81 % des 18-29 ans ont voté pour M. Sanders dans le Wisconsin.
Hillary Clinton a déjà la tête et les jambes à New York
Mais les 86 délégués démocrates en jeu dans cet Etat seront répartis selon la règle de la proportionnelle, sans prime au vainqueur comme chez les républicains (45 pour l'un, 31 pour l'autre selon le New York Times. De quoi relativiser l'ampleur de la victoire, puisque Hillary Clinton bénéficiera de nombreux délégués aussi. L'ancienne secrétaire d'Etat avait d'ailleurs décidé de faire quelque peu l'impasse sur le Wisconsin ces jours-ci, privilégiant sa campagne à New York, où il fut sénatrice entre 2001 et 2009.
La réaction de Mme Clinton mardi soir traduit d'ailleurs cet état d'esprit : « Félicitation à Bernie Sanders pour sa victoire dans le Wisconsin. A tous les électeurs et volontaires qui ont mis leur cœur dans cette campagne : en avant ! », tonne l'ex-secrétaire d'Etat sur le réseau social Twitter. Comme un appel à la mobilisation pour finir le travail.
Bernie Sanders a pour lui ses nombreux petits donateurs
L'ancienne First Lady dispose d'une assise confortable face à son adversaire. En nombre de délégués, elle bénéficie de plus de 1 200 voix, contre plus de 1 000 pour Bernie Sanders, sans compter les quelques centaines de « super délégués » - une spécificité démocrate - qui l'ont déjà assurée de leur soutien pour la Convention de Philadelphie en juillet. Le seuil des voix requises pour l'investiture est de 2 383.
L'entourage de la candidate tente depuis quelque temps de convaincre Bernie Sanders de se retirer, arguant qu'il devra gagner les prochaines échéances avec d'immenses majorités pour espérer renverser la table. Problème : le sénateur a les caisses pleines grâce aux petits donateurs. En mars, il a encore levé 44 millions de dollars, contre 29,5 millions pour Hillary Clinton, la quasi totalité par le biais d'Internet.
Celui qui se considère comme un « socialiste démocratique » ne se prive d'ailleurs pas de le rappeler : « Nous avons reçu jusqu'à présent plus de 6 millions de contributions individuelles. Savez-vous à combien s'élève la moyenne des contributions ? 27 dollars ! Nous ne représentons pas la classe des milliardaires, nous ne représentons pas Wall Street ou les compagnies pharmaceutiques, ou l'industrie pétrolière, et nous ne voulons pas de leur argent ! »
Une campagne démocrate pas tout à fait terminée
Bernie Sanders continue donc sa campagne active sur le terrain. Mardi soir, plutôt que de rester dans le Wisconsin, il a prononcé son discours depuis Laramie, dans le Wyoming, où de petits caucus démocrates (élections internes) auront lieu samedi dans le cadre du processus de la primaire. Le sénateur arbore des enquêtes d'opinion, selon lesquelles il battrait Donald Trump plus largement qu'Hillary Clinton en cas de duel à la présidentielle.
Depuis le 1er février, les démocrates en sont à 36 consultations au total. Il en reste encore 21 jusqu'à juin prochain. Symboliquement, Hillary Clinton a pour elle une bonne vingtaine d'Etats gagnés, contre plus de quinze pour son rival tout de même. Prochaine étape cruciale le 19 avril à New York. Puis, sept jours plus tard, cinq Etats de l'est des Etats-Unis se prononceront à leur tour. A noter que côté républicain, Ted Cruz a complètement relancé le jeu, en remportant lui aussi le Wisconsin mardi.