Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
A la veille du scrutin, Bernie Sanders bénéficiait d'un léger avantage de quelques points sur Hillary Clinton dans les sondages. Une victoire pour le sénateur démocrate du Vermont, après une série d'autres succès dans l'Ouest, pourrait donner à sa campagne un nouvel élan. De quoi lui permettre de durer jusqu'à la fin du processus, à la mi-juin.
Lundi 4 avril, lors d'un meeting dans le Wisconsin, M. Sanders affichait d'ailleurs un bel optimisme. « Je ne veux pas rendre Hillary Clinton plus nerveuse qu'elle ne l'est déjà. Aussi, ne lui dites pas ça, mais je pense que si nous gagnons ici, nous gagnons à New York et nous sommes en route pour la Maison Blanche », a-t-il lancé.
Douce rêverie pour Bernie Sanders, qui ne compte que la moitié environ du nombre de délégués de sa rivale. Hillary Clinton se plait d'ailleurs à le rappeler dans chacun de ses discours : « Je suis profondément honorée d'avoir reçu presque neuf millions de voix jusqu'à présent, et c'est un million de plus que Donald Trump. C'est aussi deux millions et demi de plus que le sénateur Sanders. »
Et vlan pour son rival, dont l'ancienne secrétaire d'Etat cache de moins en moins son désir de le voir se retirer de la course. Mais M. Sanders, qui soulève dans ses réunions un enthousiasme plus grand que celui que l'on observe autour d'Hillary Clinton, et dont les coffres débordent de contributions de petits donateurs, n'a aucune intention pour le moment de décrocher. Et tant pis pour les nerfs de l'ancienne secrétaire d'Etat.
Chez les républicains, la campagne de Trump va-t-elle caler ?
Côté républicain, l'élection primaire du Wisconsin peut marquer un tournant pour Donald Trump, donné pour perdant face à Ted Cruz, qui le distance d'une dizaine de points (John Kasich est encore en course également). Une défaite dans cet Etat du Middle West réduirait les chances du magnat de l'immobilier d'obtenir l'investiture du Parti républicain à la Convention de Cleveland.
Si M. Trump perd effectivement cet Etat, qu'il devrait normalement gagner car il abrite beaucoup de ces « cols bleus » constituant sa base, c'est que ses gaffes des derniers jours sur l'avortement ou l'Otan ont fourni des munitions aux républicains qui veulent lui barrer la route. Pour contrer les accusations de misogynie dont il est l'objet, le candidat a fait venir à la tribune, lundi soir, son épouse Melania.
Avec son délicieux accent est-européen, elle a vanté ses qualités : « Si vous l'élisez comme votre président, il se battra pour vous et votre pays, il travaillera pour vous et avec vous, et ensemble nous redonnerons à l'Amérique sa force et sa grandeur », a-t-elle assuré.
Il faudra toutefois plus que l'apparition de Melania pour faire changer d'avis les 70 % de femmes américaines qui ont une opinion défavorable du candidat. Une défaite de Donald Trump, sans être fatale, serait psychologiquement coûteuse. Car elle retirerait au magnat son image d'invincibilité et l'empêcherait d'obtenir les 1 237 délégués requis pour être assuré d'avoir l'investiture. Or, dans ce cas, il y aurait une Convention ouverte.