De nombreux gros titres consacrés aux révélations du consortium international des journalistes d’investigation sur le scandale de l’évasion fiscale. À commencer par celui de Panama America « Fonseca Mora impliqué dans un scandale mondial ». Ramon Fonseca Mora est le cofondateur du cabinet d’avocats Mosseck y Fonseca, spécialisé dans les sociétés-écran. Mais il est aussi le conseiller du président Varela, et est considéré comme l’un des hommes les plus influents du gouvernement actuel. Il se défend dans les colonnes de La Estrella.
En 40 ans d’exercice, la société n’a jamais eu de problèmes, car son activité d’ouverture de sociétés est légale et n’a rien à voir avec celle de ses clients, explique-t-il. « Nous ne sommes pas responsables de l’usage qui en est fait, seulement de leur mise en place », détaille l’intéressé avec une certaine candeur. Quant aux personnalités citées par l’enquête des journalistes, il assure qu’aucune ne fait partie de sa clientèle. Ce sont « probablement des clients de certains de nos clients ».
L’Argentine épinglée…
Au nombre des « clients de clients » figure le président argentin, Mauricio Macri. Le quotidien La Nacion, qui fait partie du consortium international des journalistes d'investigation (CIJI) consacre tout un dossier à l’affaire. Le président récemment élu a été directeur et vice-président d'une société offshore aux Bahamas. Son père et son frère figuraient aussi dans l'organigramme. Autre nom lié au président dans les « Panama Papers », celui de Néstor Grindetti, adjoint aux finances de Buenos Aires quand Mauricio Macri était maire de la capitale.
« Créer une société dans un paradis fiscal n'est pas un délit en soi, poursuit le journal, à moins de prouver qu'elle ait servi à blanchir de l'argent, à frauder le fisc ou tout autre délit puni par les lois argentines ». Mais tout de même.... l'article décortique un montage financier qui laisse songeur.
Les prédécesseurs du président Macri sont aussi éclaboussés par les révélations du CIJI à travers celui qui fut secrétaire privé de l’ancien président Nestor Kirchner, Daniel Muñoz. Il avait des activités dans les Iles Vierges britanniques, explique La Nacion.
Le journal publie un communiqué de la famille qui réfute les accusations : « la famille Kirchner ne figure dans aucune enquête concernant cette lamentable escroquerie qui discrédite le pays » (…) « L'ex-présidente Cristina Kirchner a été l'une de celles qui ont le plus fermement dénoncé l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent dans des paradis fiscaux ». En revanche, poursuit le texte, « celui qui est bel et bien mentionné comme un acteur central des révélations des “Panama Papers”, hélas pour notre pays n'est autre que le président de la République, Mauricio Macri ».
… le Brésil aussi
Au Brésil, 57 personnes impliquées dans la gigantesque affaire de corruption Petrobras ont eu recours aux services du cabinet d'avocats Mosseck Fonseca et, comme l’indique en Une Estadao do Sao Paulo, « Les principaux responsables politiques brésiliens sur la liste des “Panama Papers” ».
Voilà qui n'apaisera pas le climat politique brésilien alors que ce lundi, la commission parlementaire sur l'éventuelle destitution de la présidente Dilma Rousseff entend les plaidoiries de la défense.
Pour le fondateur du PT, la gauche brésilienne va « perdre sa crédibilité ».
Une défense qui ne viendra pas du fondateur du Parti des Travailleurs. Le quotidien O'Globo publie un entretien avec Francisco de Oliveira, aujourd’hui âgé de 82 ans. Ce dernier estime que la menace de destitution de Dilma « n'est pas un coup d'État » comme elle l’affirme, mais que la procédure n'aboutira pas. « Ce qui devrait préoccuper le PT, c'est plutôt la perte de crédibilité de Lula », explique le fondateur du parti, pour qui le retour de Lula au sein du gouvernement est « une manœuvre malheureuse. Quelqu'un qui a l'expérience de Lula ne peut pas commettre un tel faux pas », s'étonne-t-il.
Une manœuvre sans doute destinée à sauver le gouvernement, mais « le gouvernement de Dilma est fini, qu'elle soit ou non destituée », estime Francisco de Oliveira qui s'inquiète de l'avenir : « Ce qui est difficile à dire, c'est ce qui va se passer après, en 2018 », année de la prochaine élection présidentielle.
Un otage libéré en Colombie
La guérilla de l’ELN a libéré ce week-end l'ancien gouverneur du département de Choco, à l'ouest du pays, Patrocinio Sanchez Montes de Oca. L'homme a été remis à ses proches, après plus de deux ans de détention, non loin de l'endroit où il avait été enlevé explique El Espectador.
Le journal revient sur la famille de l’ex-otage : « Les Sanchez Montes de Oca sont une des grandes familles politiques du Choco, dont les actions ont souvent été contestées et ont fait l'objet de sévères condamnations. Patrocinio a été condamné à 18 mois de prison pour enrichissement illégal. Son frère, le député Odín Sánchez Montes de Oca, a lui aussi été condamné, à neuf ans de prison, pour soutien politique présumé à une organisation paramilitaire, selon les déclarations de l’ancien chef paramilitaire Fredy Rendon alias “l’Allemand”. »
L’ELN, ou Armée de Libération nationale, et les paramilitaires s’affrontent depuis des années. Deuxième guérilla de Colombie avec 1 500 combattants, elle a annoncé mercredi dernier des négociations de paix avec le gouvernement, nous rappelle La Vanguardia. « Le gouvernement, qui a dit qu’il ne connaissait pas le nombre d’otages aux mains de cette guérilla, a exigé que tous les captifs soient libérés avant d’entamer officiellement et publiquement les discussions. »