De notre correspondant à Rio de Janeiro,
L’enquête « lavage rapide » de la police fédérale se rapproche dangereusement des Jeux olympiques et de ses immenses chantiers. C'est l'entreprise Odebrecht, le groupe de BTP au cœur du scandale de corruption, qui est chargée des plus gros projets : comme la nouvelle ligne de métro, la rénovation du port ou la construction du village olympique.
Le chef des opérations d'Odebrecht pour les réalisations immobilières, ainsi que d’autres dirigeants de la société, ont été arrêtés la semaine dernière à Rio. Début mars, après son arrestation, l'ex-secrétaire du secteur des opérations structurelles de Odebrecht, une « repentie », avait confessé, en échange d'un aménagement de peine, l'existence d'un paiement de 1 million d'euros à un fonctionnaire en charge des travaux du métro. Mais pour la police, il ne s’agirait que de la partie émergée de l’iceberg.
Retentissements de l'enquête Petrobras sur les JO
L’inquiétude grandit. Car la pression de la justice sur l’entreprise Odebrecht ne cesse d’augmenter. Le groupe est incontournable dans le pays, mais son PDG vient d’être condamné à près de 20 ans de prison, dans l’affaire Petrobras, pour corruption. Alors, la semaine dernière, l’entreprise a finement décidé de collaborer avec la justice brésilienne.
En acceptant le système de repentance proposé par le juge d’instruction, elle espère des peines et des amendes plus légères. Or, c’est justement cet accord entre Odebrecht et la justice qui inquiète. La semaine dernière par exemple, une liste a ainsi été retrouvée lors d’une perquisition chez un des directeurs d’Odebrecht. Cette liste avec des paiements, effectués à plus de 200 hommes et femmes politiques brésiliens, toutes tendances confondues.
Les secrets de l'entreprise de BTP Odebrecht
Si Odebrecht collabore avec la justice, des révélations sur la construction des sites des Jeux olympiques, leur attribution, et la corruption qui en a découlé, sont très vraisemblables. Des révélations qui pourraient donc être explosives. D’autant que malgré son image de carte postale, la ville de Rio de Janeiro se trouve aujourd’hui dans une situation économique très difficile, affrontant une grave crise financière, avec une dette de plus de 6 milliards d'euros.
Rio a été contrainte d’effectuer des coupes budgétaires drastiques dans la santé, l'éducation et la sécurité, alors qu'elle a investi massivement, en vue des JO, dans de nouvelles infrastructures comme le métro, qui coûte plus de 3 milliard d’euros en vue. Sans compter la crise politique dans laquelle tout le pays est en train de s’enfoncer, avec une présidente brésilienne menacée de destitution, le tout dans un contexte de récession économique profonde, avec plus de 10 millions de chômeurs et près de 10 % d’inflation. Une situation qui pourrait encore empirer d’ici l’arrivée des athlètes.