Ce jeudi, les « ramasseurs de déchets » sont à l’honneur à la COP21. Dans certains pays, le tri des ordures se fait encore à la main. C’est le cas du Brésil où environ un million de ramasseurs s’occupe des matériaux recyclables. Ils travaillent 7 jours sur 7 dans les décharges à ciel ouvert, vivent dans des conditions précaires et gagnent souvent moins que le salaire minimum de 788 reais (190 euros) par mois.
A Rio de Janeiro, l’ancienne décharge Jardim Gramacho, la plus grande d’Amérique latine a fermé il y a trois ans, entraînant la suppression de milliers d’emplois. Peu de ces travailleurs ont réussi à s’en sortir.
C’est le cas pourtant de Tiao Santos, qui est devenu un militant écologique. Il a travaillé à la décharge Jardim Gramacho depuis l’âge de 11 ans et s’est auto-instruit grâce aux livres qu’il a trouvés dans les ordures.
« Le prince de Machiavel était un livre capital pour moi, explique-t-il. Sans l’avoir lu, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Le jour où j’ai décidé de lutter pour nos droits, j’ai cru que tout le monde allait nous soutenir. Mais non, ce que j’ai découvert, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui ont un intérêt à nous maintenir dans la misère. Machiavel parle beaucoup du pouvoir et des jeux du pouvoir. J’ai commencé alors à transposer ses textes à ma réalité, et j’ai compris que je devais être moins agressif et plus stratégique. »
Défendre les « catadores »
Lorsque le site ferme en 2012, à quelques semaines de la Conférence internationale Rio + 20, il négocie des indemnisations et des formations pour les recycleurs. Il monte alors une coopérative pour défendre les droits des « catadores » de Jardim Gramacho, les recycleurs et ramasseurs d’ordures.
► A (RE)ECOUTER : Profession «catador»: les recycleurs de Rio de Janeiro (Grand reportage)
Aujourd’hui, il constate que les autorités et les entreprises n’ont pas tenu leurs engagements : « On nous a promis des formations en vue de reconversion professionnelle. Les entreprises étaient tenues de mettre en place un fonds destiné à réhabiliter le quartier. Elles s’y sont engagées par écrit. Jusqu’à présent, les habitants vivent toujours dans les ordures et se nourrissent des ordures, de tous ces déchets qui continuent à être jetés clandestinement. »