Avec notre correspondante à Montréal, Marie-Laure Josselin
« Ne doivent jamais être jetés dans les toilettes des serviettes de soins personnels et de soins pour bébés, des couches, des cotons tiges, des tampons... » Petit conseil du maire de Montréal, Denis Coderre. Ses administrés sont invités à réduire leur consommation d’eau et à ne pas jeter dans les toilettes toute une série d’objets.
De son côté, la ville a prévu des mesures pour atténuer les impacts de ce déversement : surveillance visuelle du panache du rejet, nettoyage des zones affectées, mesure de la qualité de l’eau et vaste campagne d’information. « Aussi impopulaire soit-elle, c’est une décision responsable dont le but premier est d’assurer une meilleure protection pour le fleuve et pour notre eau », justifie Denis Coderre.
Situation « critique »
Le gouvernement canadien a donc finalement donné son aval, sous conditions. Les scientifiques abondent dans le même sens : « Le message dans ce cas-là, c’est vraiment, on n’a pas le choix. Il faut vraiment éviter un plus grand déversement. On est dans une situation un peu critique, il faut faire quelque chose », atteste Sarah Dorner, titulaire de la chaire de recherche en protection d‘eau potable.
Jean Desjardins, qui offre un service de guide de pêche dans le fleuve, ne décolère pas, comme beaucoup d’autres : « Je trouve cela atroce comme nouvelle, je suis assommé aujourd’hui. » Son bateau reste à quai. Il craint les répercussions à long terme : « On s’apprête à jeter huit milliards de litres de merde. Ça va ternir encore l’image du fleuve pour les années à venir. »
Ce « fleuvegate », c’est ainsi qu’a été baptisée l’affaire, aura au moins permis d’attirer l’attention sur la santé fragile de ce gigantesque fleuve.