Avec notre correspondant régional, Patrick John-Buffe
L’initiative gouvernementale cherche à réinsérer et réhabiliter les Maras. Mais seulement ceux qui ne se sont pas rendus coupables de meurtres ou d’extorsions, deux pratiques courantes de ces bandes de jeunes qui contrôlent des quartiers entiers de la capitale et des villes du Salvador. C’est dans ces zones que les gangs - principalement la Mara Salvatrucha et la Barrio 18 - se disputent à feu et à sang le contrôle de territoires pour pouvoir rançonner la population et vendre de la drogue.
Ce projet devrait donc permettre à ces jeunes de réintégrer le système éducatif et de trouver du travail. Mais parce qu’ils ne doivent pas avoir commis de délits graves, ce projet ne devrait concerner qu’un petit nombre des 60 000 Maras qui sévissent dans le pays, dont 13 000 sont en prison.
Combattre les gangs
Dès le début de son mandat, le président Sanchez a décidé d’appliquer la manière forte contre ces bandes de jeunes, renonçant à poursuivre la politique de son prédécesseur qui avait lui appuyé une trêve entre les gangs de Maras. Cette trêve avait permis de faire baisser considérablement le niveau de violence dans le pays.
Mais cette nouvelle stratégie de fermeté n’a pas eu les effets escomptés. Au contraire. Depuis le début de l’année, le Salvador a connu une escalade de la violence sans précédent : selon les autorités, il y a eu 5 600 assassinats entre janvier et octobre dernier, soit une moyenne de 18 homicides par jour. Le problème des Maras est ainsi devenu un vrai casse-tête pour le gouvernement salvadorien, qui ne sait plus comment lutter contre la violence et le crime. Avec cette offre de réinsertion, il applique désormais la politique de la carotte et du bâton !
Déplacements forcés
Des centaines de familles sont contraintes de fuir la violence des gangs dont elles sont les victimes à l'intérieur même du Salvador. Mais le Haut-commissariat de Nations unies pour les réfugiés vient également de mettre en lumière l’exil de milliers de Salvadoriens, en majorité des femmes, qui quittent leur pays pour se rendre aux Etats-Unis, au Mexique ou même au Costa Rica où ils cherchent à obtenir le statut de réfugié.
Ce phénomène touche également le Guatemala et le Honduras, deux pays victimes eux aussi des Maras et de cette violence urbaine qui pourrait entraîner dans un avenir proche une grave crise des réfugiés centraméricains.