Dilma Rousseff pourra-t-elle aller jusqu’à la fin de son mandat en 2018 ? C’est la question que beaucoup de Brésiliens se posent en ce moment. Depuis sa réélection en octobre 2014, l’ancienne « guérillera » de 67 ans se trouve en bien mauvaise posture. Selon un sondage réalisé par l'institut MDA, à la demande de la Confédération nationale du transport (CNT), le gouvernement est rejeté par 70% des personnes interrogées tandis que 20,4% le considèrent satisfaisant. Le taux de popularité de la présidente elle-même se maintient à un niveau bas également. Il est aujourd'hui à 15,9% contre 15,5% en juillet.
L’affaire Petrobras
Comment peut-on expliquer cette incroyable chute de popularité de la présidente ? Il y plusieurs raisons. L’une tient à l’affaire de corruption qui touche l’entreprise publique Petrobras. Le géant pétrolier est accusé d’avoir financé illégalement des partis politiques, notamment le Parti des travailleurs. Dilma Rousseff elle-même ne semble pas avoir reçu de pots de vin. Mais la population la tient pour responsable, d’autant qu’elle avait affirmé en 2010 dans son premier discours en tant que présidente élue qu’elle engagerait « en faveur d’une administration publique transparente ». Mais le scandale de Pétrobras ne suffit pas à expliquer son incroyable chute de popularité.
Déjà elle a été réélue de justesse l’an dernier. Une partie de l’électorat traditionnel du PT lui a tourné le dos. L’autre raison tient à la situation économique du pays qui s’est considérablement dégradé, explique Stéphane Monclaire, professeur à la Sorbonne. « Le chômage s’est envolé et beaucoup de Brésiliens sont aujourd’hui confrontés à cette dure réalité ». Et, selon ce spécialiste du Brésil, le régime présidentiel fait que la population tient pour responsable le gouvernement et la présidente de tous les maux du pays.
Crise économique et drame politique
Dilma Rousseff est menacée par une procédure de destitution à cause des dérapages fiscaux. Jusqu’à présent, le président de la Chambre des députés Edouardo Cunha, lui-même soupçonné de corruption, a retoqué les demandes d’impeachement. Sur le papier, la présidente dispose toujours d’une majorité au Congrès mais ses alliés commencent à se retourner contre elle et misent ouvertement sur sa chute. Même des parlementaires de son propre parti la lâchent. En septembre dernier, le député Alexandro Moro a pris la parole au Parlement pour annoncer sa décision de quitter le PT.
« Je monte sur cette tribune pour annoncer que j’ai quitté le Parti des Travailleurs après avoir milité pendant 20 ans pour le PT, déclare Alexandro Moro. J’ai décidé d’adhérer au parti ' Rede sustentabilidade '. J’aimerais m’engager pour une autre façon de faire de la politique avec plus de participation. J’aimerais aussi aider à ce que notre pays dépasse le vieux fantôme de la politique traditionnelle qui déplait avec raison la population »
Cinq ans après avoir accédé au pouvoir, Dilma Rousseff est confrontée à un avenir incertain. Mais il n’y a pas vraiment d’alternative à la présidente. L’opposition du centre droit n’arrive pas à tirer profit des difficultés dans lesquelles se trouvent Dilma Rousseff. Et au sein de son propre parti, il n’y pas de plan B. « Le Parti des travailleurs n’a pas de candidat ' naturel ' hormis Lula, estime Stéphane Monclaire, mais la chute de popularité de Dilma Rousseff entraine aussi la chute de popularité de Lula ».
Lula vient de fêter en grande pompe son 70ième anniversaire. Ces derniers mois, l’ancien président a durement critiqué les choix politiques et économiques de sa dauphine.