Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Mauricio Macri, le leader de l'alliance d'opposition Changeons, a réussi le coup de force du premier tour de la présidentielle en Argentine. Il a fait jeu égal avec le péroniste Daniel Scioli, le candidat du pouvoir à la succession de Cristina Kirchner, que tous les sondages donnaient en tête avec une avance de 8 à 12 points. Pour la première fois dans l'histoire politique du pays, il y aura un second tour, le 22 novembre. C'est une nouvelle étape qui s'ouvre.
« Nous allons nous trouver dans une situation inédite. Scioli devra chercher à attirer des électeurs qui n'adhèrent pas à ce modèle politique et Macri n'aura pas d'autre alternative, même si ce n'est pas son style, que de dire qu'il est la seule opportunité, pour les 60 % d'électeurs qui ne sont pas d'accord avec le gouvernement, de le mettre à la porte après douze ans », explique le politologue Orlando D'Adamo.
Pour l'analyste Celia Kleiman, le second tour verra un affrontement sans nuances. « Il y aura vraiment une demande de changement par rapport à la continuité de l'actuelle politique », déclare-t-elle. Le péronisme mettra toutes ses forces dans la bataille. Mais, après douze ans de pouvoir sans partage, le vent du changement souffle sur l'Argentine.
■ Au QG du candidat Daniel Scioli, la déception
Avec notre correspondante à Buenos Aires, Marine de la Moissonière
A 22 heures, Daniel Scioli prend la parole. Il appelle ses militants à continuer à se battre. Pas une fois, il ne prononce le mot ballotage. Deux heures plus tard, les premiers résultats tombent. Encore pires que prévu. « Je ne comprends pas, je ne comprends pas ce qui s’est passé », répète cette femme, au QG de campagne de Daniel Scioli. Certains affirment qu’il y a eu des fraudes, d’autres s’en prennent aux médias, responsables, selon eux, du succès de Sergio Massa, arrivé en troisième position.
« Cela fait des années que les médias en rajoutent sur l’insécurité. Alors forcément, les gens ont voté pour Massa qui propose d’envoyer l’armée dans les bidonvilles pour lutter contre le trafic de drogues. Il y a eu une manipulation médiatique évidente », ajoute un militant.
Mais pour Daniel Fleitas, chef d’entreprise, ces résultats traduisent avant tout le rejet de la présidente Cristina Kirchner et de son autoritarisme. « Tout d’abord, Cristina Kirchner a maquillé beaucoup de statistiques. Ensuite, elle n’a pas su écouter le peuple. Elle a mené à la baguette la chambre des députés qui votait ses lois sans débat. Et ça, c’est très mauvais pour la démocratie », explique-t-il.
A 1 heure du matin, ils ne sont plus qu’une cinquantaine environ à agiter leurs drapeaux. Daniel Scioli ne reviendra pas saluer ses militants.