Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Daniel Scioli, le dauphin, ou Mauricio Macri, l'opposant ? Les Argentins décideront. Mais, quelle que soit l'issue de la présidentielle, ce 25 octobre ou, en cas de second tour, le 22 novembre, la page de l'ère Kirchner sera tournée. Douze années de péronisme de centre-gauche, d'abord avec Néstor Kirchner, qui a sorti le pays de la crise de 2001, puis avec Cristina Kirchner, qui a rétabli et renforcé un Etat providence unique en Amérique latine. Mais douze années, aussi, de véhémence et d'absence de dialogue.
Les citoyens veulent plus d'ouverture
Selon les enquêtes, plus de 60 % des Argentins approuvent le bilan économique et social de Cristina Kirchner. Mais ils sont presque aussi nombreux à demander plus de modération et d'ouverture dans l'exercice du pouvoir.
Les candidats ont bien compris le message. S'il se veut le gardien de l'héritage, Daniel Scioli, qui a toujours fait sentir sa différence, est un centriste, à l'écoute des voix dissidentes. Quant à Mauricio Macri, s'il reste fidèle à son orientation libérale, il s'est engagé à préserver les acquis des années Kirchner.
Que Scioli l'emporte dès ce dimanche ou que Macri force un second tour, les Argentins voteront pour une présidence apaisée.
Les défis économiques attendent le prochain président
L'économie argentine tourne au ralenti, la croissance ne devrait être que de 0,4 % cette année, selon le FMI, et le pays pourrait entrer en récession dès l'an prochain. L'Argentine souffre d'abord du ralentissement du Brésil, son premier partenaire commercial, mais aussi de la baisse des cours des matières premières.
Le pays est le premier exportateur mondial d'huile et de farine de soja, et l'un des leaders mondiaux pour les exportations de maïs, de blé et de viande bovine. L'agriculture est donc un pilier de l'économie, elle est importante pour la croissance mais pas seulement. C'est aussi et surtout l'une des premières sources de devises du pays.
Plusieurs solutions envisageables
Pour relancer son économie, Buenos Aires a donc besoin d'attirer de nouveaux investisseurs, de dévaluer sa monnaie - l'inflation est chronique en Argentine et fleurte avec les 20 % depuis des années. Il lui faudrait aussi abandonner le contrôle des changes mis en place au lendemain de la crise de la dette en 2001 pour enrayer la fuite des capitaux.
L'autre solution pourrait être de retourner sur les marchés internationaux, mais pour cela, il lui faut d'abord trouver un accord avec les fonds vautours, les fonds spéculatifs qui ont racheté une partie de la dette du pays en 2001 et demandent toujours devant les tribunaux un remboursement intégral de leur prêt.