Faire le clown sera désormais obligatoire dans les services de pédiatrie de la région de Buenos Aires en Argentine. Une loi instaure l’obligation d’embaucher des clowns pour divertir les enfants malades. « Une initiative positive », pour Sébastien Buisson, président de l’association française les Nez rouges qui regroupe des clowns bénévoles. « L’intervention de clowns dans les hôpitaux, en France comme à l’étranger, est essentielle à l’épanouissement d’un enfant à l’hôpital. Mais à l’heure actuelle, déplore-t-il, il n’y a pas beaucoup de formes de distractions quand un enfant est hospitalisé ».
Beaucoup de questions
Laëtitia Peyre, fondatrice de l'association Nez à nez - Des clowns à l'hôpital, se montre quant à elle plus réservée, en particulier sur le caractère obligatoire de la loi : « Accueillir des clowns, c'est une démarche. A partir du moment où le service médical fait un choix, la relation est plus profonde et nous sommes plus productifs sur la durée. » En effet, il faut trois à six mois pour mettre en place une intervention dans une structure hospitalière, le temps de convaincre puis de rencontrer l'équipe soignante. Son autre inquiétude porte sur les clowns qui seront choisis en Argentine.
« On ne peut pas improviser. C'est un travail et il faut être formé pour pouvoir l’exercer », affirme-t-elle. Un point crucial pour son association qui regroupe une dizaine de comédiens professionnels. Leurs interventions sont rémunérées (450 € la journée environ avec 2 clowns) et la question du budget alloué à cette activité en Argentine se pose. Malgré ses réserves, Laëticia Peyre suivra l'initiative en Argentine de près : « Il y a beaucoup de réflexion à avoir, mais c'est un projet fantastique. Une belle réponse à tous ceux qui disent « C'est important, mais pas tant que ça ».
Le rire sous conditions
Sébastien Buisson, lui, n'émet qu’une réserve sur cette loi : « Embaucher des clowns implique peut-être de refuser des associations qui le font bénévolement. Et ça, je ne suis pas forcément pour. » En France, il est souvent confronté aux clauses d’exclusivité qui pour lui sont un problème. « Certains centres hospitaliers ont des conventions de partenariat avec certaines associations et en refusent d’autres. La clause d’exclusivité, c’est préférer une association à une autre et c’est dommage ! » Mais rien n’empêche le philanthrope de rêver : « Si un jour en France une loi oblige les centres hospitaliers à accepter les associations qui œuvrent pour les enfants malades, je me soûle au champagne ! »
En effet, en France, les clowns bénévoles qui vont à la rencontre des enfants malades sont encadrés. Il existe des restrictions qui, selon le trentenaire, « bloquent et freinent des associations ». Par exemple, l’exigence d’une formation préalable, coûteuse. Car s’ils ont les mêmes chaussures immenses et le même nez rouge, le clown classique et le clown hospitalier diffèrent : « Le clown féérique va faire rire 300 personnes, parce qu’il a un numéro et un spectacle prédéfinis. Le clown hospitalier doit savoir approcher un enfant malade à l’hôpital : respecter l’enfant dans sa maladie, ne pas trop parler de sa maladie, être plus joyeux, faire attention aux dispositifs médicaux comme les perfusions. »
En Argentine aussi, les associations sont nombreuses et les aspects bénéfiques de l'initiative ne sont plus à démontrer. Ainsi, le journal officiel considère les clowns à l’hôpital comme « une médecine complémentaire visant à apporter de la gaieté aux enfants hospitalisés, à leur famille et au personnel. » D’après le correspondant de RFI à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet, la loi fait l’unanimité.