Le gouvernement conservateur a perdu les élections législatives du lundi 19 octobre 2015. Après presque une décennie au pouvoir, le Premier ministre Stephen Harper cède la place au libéral Justin Trudeau. « C’est une marée rouge et libérale qui déferle sur le pays », titre le Huffington Post canadien. « Les sondages n’ont pas menti », poursuit le site d’information. L'issue du vote confirme « le désir des électeurs de mettre les libéraux à nouveau au pouvoir, après un règne de près de 10 ans des conservateurs. Le chef Justin Trudeau, que ses adversaires dénigraient pour son manque d'expérience politique, semble en voie de devenir le prochain premier ministre », écrit le Huffington Post, avant de conclure : « Le jeune chef libéral a ainsi réussi à marquer l’histoire, en faisant passer pour la première fois une formation politique de second à la place d’un parti au pouvoir ».
Comment expliquer ce vote massif en faveur du changement ?
D’après le Huffington Post, « c’est en misant sur un programme électoral tourné principalement sur la classe moyenne avec la promesse d'imposer les plus riches pour réduire la fiscalité des Canadiens que le chef libéral a mené une campagne sans trop d'embûches. Sa promesse d'investir massivement dans les infrastructures en imposant au pays un déficit de quelques années a été bien accueillie par la population, qui a vu ce geste comme audacieux et non comme de l'amateurisme économique, comme le soutenaient les conservateurs et néodémocrates ».
Pour les libéraux, la victoire c’est surtout un « comeback » tonitruant.
Un « comeback » qui contribuera à unifier le pays, écrit le Toronto Star. Le journal se félicite que les électeurs canadiens ont chassé les « conservateurs arrogants » du pouvoir, « mettant un terme à des années de mauvaise gestion qui a pourri le pays ». « Bienvenu au Trudeaumania II », s’exclame l’éditorialiste du Toronto Star selon lequel le chef libéral possède le même charisme que son père, l’ancien premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau.
Certains journaux s’interrogent sur ce qui restera de l’ère Harper.
Pour le Globe and Mail, le gouvernement conservateur entrera dans l’histoire comme celui qui a divisé le pays. Il a attaqué la Cour Suprême, il a qualifié d’ennemis ses adversaires politiques et humilié ceux qui le critiquaient. « Ce gouvernement, poursuit le Globe and Mail, était en bout de courses. Ses meilleurs talents avaient quitté le cabinet et ceux qui restaient, à commencer par Stephen Harper, n’avaient plus rien de nouveau à offrir. Si Stephen Harper voulait chercher un responsable pour sa défaite, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même ».
Dans le fief de Stephen Harper, à Calgary, c’est un sentiment de gueule de bois qui domine ce lundi matin. Et qui se reflète aussi dans l’éditorial du Calgary Herald. Ce journal s’est prononcé dans un éditorial le week-end dernier en faveur du Premier ministre sortant. Ce lundi, le quotidien doit reconnaître que Justin Trudeau était « prêt » à gouverner et que les Canadiens avaient soif de changement. Les électeurs ont donné au candidat libéral une large majorité. « Il n’aura donc pas besoin de chercher le soutien du NDP (le parti de la gauche arrivé troisième lors de ces élections) », estime le Calgary Herald.
Une petite consolation pour les sympathisants de Stephen Harper : Calgary reste un bastion du parti conservateur même si le parti a perdu deux sièges aux libéraux. C’est à la Une du site de CBC News. L’un de ces sièges a été pris par un homme politique d’origine indienne. Son nom : Darshan Kang. Il a percé dans la circonscription « Skyview » qui a voté à droite depuis 1968. Portant le traditionnel turban des Sikhs, le nouveau député a lancé à ses sympathisants qui faisaient la fête hier soir : « Ce pays offre à tout le monde la possibilité de réussir. Ce soir, le changement c’est vous ! ».