De notre correspondante à Port-au-Prince,
En Haïti, à chaque fois qu’un vote doit être organisé, un Conseil électoral provisoire doit être créé. Un Conseil toujours provisoire car depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, aucun président n’a fait ce qu'il fallait pour créer de façon pérenne cette administration qui est en charge d’organiser des élections. Au fil des années, tous les conseils électoraux ont été accusés d’être très favorables au pouvoir. Des accusations qui se sont répétées sous le mandat de Michel Martelly.
En l’absence de consensus, le Parlement a cessé de fonctionner en janvier
Michel Martelly n’est pas un politicien de carrière. Il est une star de la chanson. Et sa personnalité a aussi son importance dans la crise actuelle. Durant sa campagne comme au début de son mandat, il a beaucoup critiqué la classe politique traditionnelle. Il s’est ainsi mis à dos une majorité de sénateurs. Ces politiciens traditionnels, tout comme l’opposition plus radicale, ont longtemps refusé toute négociation pour mettre sur pied ce Conseil électoral provisoire.
Sans aucun consensus avec l’opposition, la présidence a progressivement remplacé les maires par des agents exécutifs intérimaires. Aussi, faute d’élection, le Parlement haïtien a cessé de fonctionner en janvier dernier. Une situation totalement inconstitutionnelle, qui n’était pas du goût de la communauté internationale. Celle-ci finance le budget du pays via l’aide au développement.
En août, le premier tour des législatives émaillé d’incidents
Finalement, un accord a été trouvé entre l’exécutif et l’opposition modérée. C’est pour cela qu’Haïti se retrouve aujourd’hui à organiser de façon groupée ces élections législatives, locales et présidentielle.
Mais il y a beaucoup d’appréhensions pour la journée de vote de dimanche prochain. Le 9 août dernier, le premier tour des législatives a été émaillé d’incidents violents. Le vote a été annulé dans près d'un quart des circonscriptions. Et seulement 18 % des électeurs se sont présentés aux bureaux de vote.
Pour la présidentielle de dimanche, les citoyens ont le choix entre 54 candidats. Une dizaine se détache, sans que ces candidats n’aient forcément de programme politique à offrir aux citoyens. C’est ce qui explique la faible vitalité de la campagne électorale actuelle, qui pourrait provoquer à nouveau une forte abstention. Car la majorité de la population est pessimiste et blasée par la classe politique, qui peine à améliorer les conditions de vie dans le pays.