Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Ils sont plusieurs centaines à réclamer justice devant l'entrée de la plus grande base de l'ONU en Haïti. Beaucoup ont souffert du choléra, certains ont perdu des membres de leurs familles. Cinq ans après le début de l'épidémie dans le pays, le silence des Nations unies leur est insupportable. Jean-Emmanuel Larose, agent de santé, y voit un signe du dédain que l'ONU a envers les Haïtiens.
« Si pour eux, on était des êtres humains, ils nous auraient présenté des excuses, s’offusque-t-il. Mais vu qu'ils ont déversé leurs cacas dans notre rivière alors qu'ils savaient qu'on se servait de cette eau, ils n'ont pas la voix pour nous présenter des excuses. On demande justice et réparation. »
Immunité onusienne
Mais jusqu'ici la justice a débouté les plaintes déposées contre l’ONU, car sa charte lui procure l'immunité. Chantal Duportal vit dans la commune d'où est partie l'épidémie. « Le choléra a décimé les gens de Mirebalais, déplore-t-elle. Beaucoup de parents sont morts et leurs enfants ne peuvent que demander la charité maintenant. Personne ne les prend en charge. Si l'Etat haïtien avait pris en charge ces enfants orphelins, aujourd'hui on ne serait pas là à crier au secours. »
Mais tant au niveau des Nations Unies que de l'Etat haïtien, le message est le même : l'urgence est à l'éradication de l'épidémie pas aux procédures judiciaires.