Etats-Unis: le président de la Chambre des représentants démissionne

C’est un véritable coup de tonnerre au Capitole à Washington : le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a annoncé sa démission. Sous pression de plus en plus importante de l'aile droite du parti, il quitte ses fonctions à la fin du mois d'octobre. John Boehner est la première victime collatérale des ultraconservateurs et le symbole des graves divisions au sein du camp républicain.

John Boehner fait les frais d'une rébellion grandissante de l'aile droite du parti républicain. Ces ultra-conservateurs l'accusent depuis quelques années déjà de ne pas être assez intransigeant face au président Barack Obama.

Mais les tensions déjà vives au sein du camp républicain se sont encore exacerbées ces derniers jours à l'approche de la nouvelle année budgétaire qui commence le 1er octobre. Selon les informations du Washington Post, 30 élus républicains de la Chambre ont menacé de provoquer une nouvelle paralysie fédérale si John Boehner ne s'engageait pas à réduire les aides publiques allouées à l'organisation de planning familial, Planned Parenthood, qui effectue des avortements. Pire encore, ces derniers ont menacé de soumettre une motion de défiance à l'encontre du président de la Chambre, ce qui l'aurait contraint à s'appuyer sur les voix démocrates pour rester en place.

Boehner qui est pourtant loin d’être un modéré, et a eu des relations tumultueuses avec Barack Obama, a donc préféré se retirer dans l’espoir que son départ apaisera les frondeurs. John Boehner a expliqué qu’il comptait démissionner en novembre, mais que la visite du pape au Congrès avait d’une certaine façon accéléré sa décision. « La nuit dernière, j’ai réfléchi à ce que le pape avait dit et ce matin [vendredi], je me suis réveillé, j’ai fait ma prière comme je le fais toujours, et j’ai décidé de démissionner. C’est aussi simple que ça », a-t-il déclaré.

John Boehner abandonne donc l'un des postes les plus influents de Washington, ainsi que son mandat d'élu de l'Ohio. Fervent catholique, il avait œuvré depuis 20 ans pour qu’un pape s’adresse au Congrès. Pendant le discours de François, il avait les larmes aux yeux. Un discours qui mettait les élus en garde contre les déchirements idéologiques de la classe politique.

Un sacrifice

« Selon toute vraisemblance, il y a eu un accord entre Boehner et cette frange plutôt extrémiste de son parti, avance Alix Meyer, maître de conférence en civilisations américaines à l'université de Bourgogne. Il remet sa démission et en échange, il vote la loi qui permet de confirmer le financement du gouvernement fédéral la semaine prochaine. Il semble que pour pouvoir enfin trouver une solution dans cette impasse budgétaire, il ait pensé que la seule solution était de se sacrifier. »

Alix Meyer voit dans cette démission un sacrifice pour sauver le candidat républicain à la prochaine présidentielle. « En 2013, lorsque les républicains de la Chambre avaient forcé la fermeture gouvernementale, les conséquences avaient été plutôt néfastes dans l'opinion publique sur la popularité du parti, rappelle-t-il. Et donc recrééer une fermeture gouvernementale à un an de l'élection présidentielle, cela aurait été vu comme très préjudiciable au futur candidat républicain. »

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