De notre correspondant à Mexico,
On pourrait presque parler de « chapomanie ». Quelques jours après l'évasion de Joaquin Guzman, l’image du « Chapo » s’est rapidement retrouvée imprimée sur des t-shirts et des casquettes. Avec des inscriptions à la gloire du narcotrafiquant, du type « Dieu sauve El Chapo », ou encore le slogan « Qui est le roi ? ». Une question à la réponse évidente et surmontée d'un rameau d’olivier entourant la photo déjà fameuse du chef de cartel, coiffé d’une casquette et prise lorsqu’il était en prison, avant sa première évasion de 2001.
Tous ces articles de vente se sont convertis en phénomène sur les étals des marchands ambulants de la capitale et du Mexique tout entier. On en trouve même aux Etats-Unis et sur Internet. Preuve de la popularité du personnage, ces articles se sont vendus comme des petits pains, à tel point que sur certains points de vente, ils ont été rapidement épuisés.
« El Chapo » inspire aussi les musiciens mexicains. Ce n'est pas nouveau, de nombreux interprètes du nord du pays consacrent depuis longtemps des narcocorridos à sa gloire. Il s'agit de chansons épiques qui vantent les exploits des narcotrafiquants. S’il en existait déjà au sujet de la première évasion du « Chapo », sa seconde évasion, celle du 11 juillet dernier, a donné aux interpètes un nouveau motif pour composer rapidement des chansons célébrant l’exploit de ce baron de la drogue.
Mais l'évasion de Joaquin Guzman a eu d’autres effets : elle a provoqué l’envol des ventes d’un livre sur la vie du baron et sa première fuite. Un livre écrit par Don Winslow et paru en juin dernier, et dont va d’ailleurs s’inspirer le cinéaste américain Ridley Scott pour en faire prochainement un film.
Comment expliquer une telle popularité ? Peut-être est-ce l’origine modeste du « Chapo ». M. Guzman est né dans l’Etat de Sinaloa. Malgré cela, il a réussi à créer un empire criminel grâce au trafic de drogue vers les Etats-Unis, l’Europe et l’Asie. Au fil des ans, il est devenu, aux yeux de certains, une sorte de Robin des Bois doublé d’un homme d’affaires multimillionnaire, doté d’une grande capacité pour mettre en échec le gouvernement, démontrée grâce à ses deux évasions rocambolesques. Déjà « héros », le chef du cartel Sinaloa est en passe de devenir aujourd’hui une légende.