Deux sujets marquent le débat suscité par la tragédie de Charleston : la question raciale et le contrôle des armes à feu. « Aux Etats-Unis, les actes de violence par des armes à feu sont aujourd'hui des évènements de routine », constate le Boston Globe. « 88 fois par jour et plus de 30 000 fois par an, de tels actes sont commis à travers notre territoire national. Peut-être que le drame de l'église Emanuel incitera-t-il les citoyens américains à se lever et à crier à la figure des lobbyistes : 'ça suffit, nos vies sont plus importantes que vos armes'. Ou peut-être que nous continuerons à mener tout simplement nos vies ... jusqu'au prochain massacre dont nous savons avec certitude qu'il arrivera ».
L'éditorialiste du Washington Post se dit également « peu optimiste » : « Après le massacre au sein de l'école élémentaire de Sandy Hook à Newton, le Congrès avait débattu de deux projets législatifs: une interdiction des armes d'assaut et le contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs », rappelle le journal, avant de conclure : « les deux mesures avaient le soutien d'une large majorité des Américains. Aucune ne s'est transformée en loi ».
Au-delà du ras-le-bol des éditorialistes concernant cette éternelle répétition des violences par armes à feu, c'est la douleur de la communauté afro-américaine qui s'exprime dans les colonnes des journaux aujourd'hui. A l'instar de Patricia Williams, directrice de l'Institut de l'Histoire et de la Culture afro-américaines à Charleston qui signe une tribune dans le New York Times : « Nous, Afro-Américains, n'avons pas de refuge aux Etats-Unis », écrit-elle. « Non seulement nos droits civiques sont constamment mis en cause, mais nous craignons aussi pour nos vies ».
« C'est un fait », estime aussi USA Today, « que la haine raciale guette toujours. Les bavures et crimes à l'encontre de la communauté noire se sont multipliés ces derniers mois. Et beaucoup d'Afro-Américains se demandent si un demi-siècle après le mouvement des droits civiques, les vies noires ne comptent toujours pas. Ou ne comptent pas autant que les vies blanches ».
Dans la même veine, une polémique se propage d'ailleurs sur les réseaux sociaux. La question posée est la suivante: « pourquoi, la tuerie de Charleston est qualifiée par les autorités de crime haineux et non pas d'acte terroriste ». Du coup, la communauté afro-américaine a l'impression de ne pas bénéficier des mesures de protection adéquates, écrit le New York Times. Mais les musulmans américains se sentent également touchés: « Si un musulman tue neuf Américains, c'est considéré à juste titre d'acte terroriste. Si un blanc fait la même chose, c'est un crime haineux », s'insurge Nihad Awad, directeur du Conseil des relations américano-musulmanes dans les colonnes du journal.
Haïti : premières expulsions de République dominicaine
Les premières personnes expulsées de République dominicaine sont arrivées ce jeudi sur le sol haïtien. « 70 personnes, dont 41 hommes, 25 femmes et 4 enfants sont arrivés entassés dans un bus sur la frontière Belladère, où aucune structure n'était en place pour les accueillir », constate le reporter de l'agence Alterpresse qui était sur place. « Parmi les déportés figurent des personnes qui vivaient depuis plus de 30 à 50 ans en République dominicaine ». A l'instar de Gustave Pierre, qui avec ses cinq enfants, « affirme n'avoir aucun bien, ni aucune attache en Haïti et qualifie sa déportation d'injuste ».
Les autorités haïtiennes craignent des déportations massives et du coup une catastrophe humanitaire. Face à cette menace, la société tente de s'organiser. Le directeur général de l'ONA, l'office national d'assurance vieillesse a par exemple « annoncé hier la création d'un fonds de plus de 2 millions de gourdes », rapporte Haïti Press Network. Cet argent a été collecté « par les employés de l'institution pour venir en aide aux Haïtiens qui seront rapatriés. L'ONA invite par ailleurs d'autres structures organisées du pays à suivre cet élan de solidarité ».
Le Nouvelliste de son côté appelle « le pays, ses dirigeants et sa société civile » à être vigilants « pour, à défaut de pouvoir l'éviter, réduire les actes de violation des migrants pendant les rapatriements ». Selon l'éditorialiste « il sera également vital de recenser tous les hommes, femmes et enfants, victimes de ce génocide civil qui prend forme en plein XXIe siècle ».
Le journal dominicain El Dia rapporte que 288 466 travailleurs clandestins haïtiens ont pu s'enregistrer auprès du plan de régularisation. Plus que les 210 000 escomptés par le gouvernement dominicain. Leurs dossiers sont en cours.