Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
Près de 40 000 danseurs et 20 heures de défilés en l'honneur de « Jésus du Grand Pouvoir », censé accomplir des miracles pour ses fidèles. Mais la fête est cette année sous contrôle vestimentaire.
Les organisateurs ont en effet décidé d'interdire les variations jugées trop osées des danseuses cholitas, ces femmes indiennes aymaras qui s'habillent de façon traditionnelle, avec chapeau melon et longues jupes de couleur. Justo Soria, le président de l'association nationale des groupes folkloriques, explique ce choix.
« Il y a malheureusement beaucoup de gens qui confondent les vêtements de la Cholita de La Paz avec un déguisement. Au contraire, c'est un habit typique de notre ville, et il mérite donc le respect. Voilà ce qui est interdit : les corsets, les décolletés trop prononcés, le dos découvert, ou encore le fait de mettre deux broches sur le châle, au lieu d'une seule. Tout cela défigure totalement l'essence même de la Cholita de La Paz. »
Autre polémique, pour la première fois dans l'histoire de la fête, une danse a été interdite. Il s'agit de la danse Tundiqui, dans laquelle des Boliviens se « maquillent » en Noirs et dansent en mimant des esclaves avec leurs chaînes.
Sous la pression des Afro-Boliviens, descendants des esclaves de l'époque de la colonie espagnole, le Comité national contre le racisme a demandé l'interdiction de cette danse, alors que les autorités boliviennes cherchent à obtenir le classement de cette fête au patrimoine mondial de l'Unesco.