Attentat de Boston: les jurés face au choix de la peine de mort

C’est la fin du procès de Boston, le jury s’est retiré mercredi 13 mai pour délibérer. Djokhar Tsarnaev, 21 ans, a été reconnu coupable en avril des 30 chefs d’inculpation qui pesaient contre lui. Il risque la peine de mort pour acte terroriste. L’attentat sur la ligne d’arrivée du marathon de Boston il y a deux ans a fait 3 morts et 264 blessés. L’avocate de la défense et l’accusation ont pris la parole une dernière fois mercredi pour faire entendre leurs arguments.

Avec notre correspondante à Washington,  Anne-Marie Capomaccio

« Djokhar Tsarnaev mérite la mort, car il est inhumain. » Ce sont les propos du procureur de Boston, le dernier à s’être exprimé mercredi, pour demander au jury d’écarter une peine de prison à vie pour le jeune homme, reconnu coupable de l’attentat d’avril 2013. Peine capitale ou non : c’est la seule question à laquelle les 12 jurés qui se sont retirés pour délibérer doivent désormais répondre, à l’unanimité, car la culpabilité de Djokhar Tsarnaev a été reconnue dès le début du procès par ses avocats.

Mercredi, le procureur a développé ses arguments, les circonstances que l’accusation considère comme aggravantes : la préméditation, l’acte de terrorisme, la bombe déposée pour tuer près d’un groupe d’enfants, le crime politique, qui vise à toucher des innocents, et au-delà même, les Etats-Unis. Enfin, il a mis en avant l’absence de remords.

La défense au contraire a tenté d’humaniser l’accusé, Judy Clarke n’utilisant que son prénom, présentant Djokhar Tasrnaev comme un enfant invisible, car timide, dans une famille dysfonctionnelle, que l’immigration ratée en Amérique a brisée et radicalisée. Un père proche de la folie et une mère radicalisée qui a entraîné son fils ainé, Tamerlan, dans sa descente aux enfers. Djokhar, le plus jeune, a été obligé de suivre. L'avocate parle d’un enfant perdu, sous la coupe de son frère ainé, qui sera tué par la police et présenté comme le cerveau de l'attentat.

« Je vous demande de choisir la justice »

Delphine Nihoul est porte-parole de la coalition Abolir la peine de mort. Elle explique : « Du fait que dès le départ, la défense a admis " il l’a fait ", on n’a pas été sur ce terrain de " est-ce qu’il est innocent ou pas ? " La culpabilité était reconnue dès le départ, donc la question est la peine de mort. Est-ce que la peine de mort va apaiser les victimes ? Est-ce que la peine de mort va permettre à la société de sortir grandie de cette histoire ? »

La famille Richard a publié une lettre ouverte qui va dans ce sens. Leur fils de 8 ans est mort dans l’attentat. Et c’est aussi l’argument employé par la défense : Djokhar Tsarnaev passera, s’il est condamné à la prison à vie, le restant de ses jours dans un pénitencier de haute sécurité du Colorado, sans perspective de liberté.

Avant que le jury ne se retire, Judy Clarke a tenté une dernière fois de plaider contre la peine de mort. Une peine, dit-elle, que seuls les pires criminels méritent. Opter pour la vie, contre la mort par vengeance ou par haine, n’est pas un déshonneur pour les victimes. « Je vous demande de choisir la justice », a-t-elle expliqué aux jurés.

Un seul jury pour faire pencher la balance

Les jurés de Boston, sept femmes et 5 hommes, doivent donc déterminer en leur âme et conscience si Djokhar Tsarnaev est un terroriste ne bénéficiant d'aucune circonstance atténuante, ou si ce jeune homme, désormais âgé de 21 ans, immigré depuis 10 ans aux Etats-Unis, a commis un acte de folie, perturbé par l’éclatement de sa famille, qui l’a trimbalé de Tchétchénie, au Daguestan, en Russie, avant de le laisser seul en Amérique. Ils doivent examiner chaque circonstance aggravante présentée par l’accusation et, de la même manière, chaque circonstance atténuante brandi par la défense.

Chacun d’entre eux, avant le procès, a admis qu’il était prêt à envisager la peine de mort. Il n’y a donc pas de militant hostile à la peine capitale dans cette équipe. Un point important, car une telle décision se prend à l’unanimité. Si les avocats de la défense ont convaincu un seul des jurés que la prison à vie est la juste punition pour Djokhar Tarnaev, ce dernier passera le restant de ses jours dans une centrale de haute sécurité du Colorado. Mais si le jury est unanime sur l’un des 17 chefs d’inculpation sans circonstances atténuantes, alors ce sera la peine capitale.

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