avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Les robes longues et les smokings ont dû se frayer un chemin parmi les policiers d’élite du contre-terrorisme. Les invités avaient pourtant déboursé près de 1000 euros pour avoir le droit de dîner dans l’enceinte du musée d’histoire naturelle de New York parmi des figures de la littérature mondiale comme Salman Rushdie. C’était sans compter la remise d’un prix saluant le courage de la rédaction de Charlie Hebdo et qui a suscité une vaste controverse aux Etats-Unis.
Pour Adam Gopnik, journaliste au New Yorker, c’est l’ignorance du public américain qui est responsable. « Les traditions satiriques françaises et les traditions des caricatures françaises n’existent pas ici aux Etats-Unis et c’est très difficile pour beaucoup d’Américains de comprendre cette tradition : cette façon d’être ludique et féroce. »
La bonne société new-yorkaise n’avait donc plus seulement à choisir entre champagne et vin rouge mais aussi comment elle allait accueillir cette remise de prix à la tonalité très politique à Gérard Biard, le rédacteur en chef du journal satirique. « Etre choqué fait partie du débat démocratique. Etre tué, non… » a-t-il lancé. Une ovation sincère et spontanée à l’insolence de Charlie Hebdo a salué ses propos.