Municipales à Cuba: deux candidats indépendants, une première

Premier tour des élections municipales à Cuba : 8 millions de Cubains sont appelés à renouveler leurs représentants locaux ce dimanche 19 avril 2015. Comme d'habitude, le scrutin est dominé par le parti unique, même si deux personnalités dites « indépendantes » font partie des candidats. Quels sont les enjeux de ce scrutin municipal dont le deuxième tour aura lieu dans une semaine, le 26 avril ?

Les Cubains élisent dimanche leurs conseillers municipaux parmi 27 000 candidats.
Les 12 589 membres des 168 conseils municipaux de l'île seront désignés à main levée au cours d'assemblées de quartier.

« Les élections municipales à Cuba consistent à élire ce qu’on appelle des délégués municipaux, qui en fait sont des conseillers municipaux avec quelques différences par rapport à notre système à nous, explique Jeanette Habel, politologue, spécialiste de Cuba. Et ces délégués municipaux sont assez proches de la population. Ils sont élus sur une liste nominale, il n’y a pas à Cuba de débats politiques d’orientation au moment des élections, il n’y a pas de débats programmatiques. »

« Il n’y a qu’un seul parti, rappelle Jeanette Habel, le Parti communiste cubain [PCC], qui est un parti unique. Et donc les élections municipales ont cependant cet intérêt, c’est que ce sont des élections par quartiers, par circonscriptions et qui sont quand même proches de la population. Et en étant proches de la population, en comptant les abstentions, en regardant quels ont été les noms de plusieurs personnalités qui ont été rayés, on a un petit tableau approximatif de la situation. »

Débats d'opinion et ouverture démocratique

A la surprise générale, deux candidats indépendants se présentent cette années. Qualifiés par les autorités de « contre-révolutionnaires », Hildebrando Chaviano, 65 ans, avocat et journaliste indépendant, et Yuniel Lopez, informaticien de 26 ans, ont été toutefois désignés à main levée au cours des réunions de quartier. Mais c'est l'exception qui confirme la règle, car l'ouverture diplomatique, à savoir le rapprochement avec les Etats-Unis, ne se traduit pas encore dans une ouverture politique à l'intérieur de l'île.

« On est effectivement très loin d’un système à plusieurs partis qui n’est pas du tout, pour l’instant, à l’ordre du jour, développe encore Jeanette Habel. Il y a une loi électorale qui est en train d’être discutée par une commission du Parlement cubain, dont on ne sait pas encore exactement ce qu’elle va produire, mais qui probablement pourra permettre à des personnalités indépendantes, des personnalités catholiques, etc., non liées au Parti communiste cubain, de se présenter aux élections législatives par exemple. Mais on est quand même dans les hypothèses. »

« En tous les cas, il n’y a pas de pluripartisme à l’ordre du jour, ça c’est une chose qui pour l’instant est certaine, explique la politlogue. Par contre, il y a une réelle ouverture démocratique au sens où il y a beaucoup de débats actuellement, particulièrement sur Internet. Il y a, y compris dans les débats publics ou semi-publics, beaucoup plus de liberté d’expression, d'oppositions qu'auparavant. »

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