Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Ashraf Ghani a fait ses études à New York et il a su s'adresser aux élus américains : remerciements renouvelés aux troupes, au Congrès, aux contribuables, hommage aux soldats tombés pendant cette guerre de 14 ans, la plus longue de l'histoire des Etats-Unis et une leçon d'histoire sur l'Afghanistan à travers les siècles.
Le président afghan a obtenu ce qu'il souhaitait. Les 10 000 soldats américains présents dans son pays vont rester jusqu'au retrait total, annoncé par Barack Obama, début 2017. En échange, Ashraf Ghani promet une accélération des réformes économiques, une lutte sans relâche contre la corruption qui mine son pays, et une intégration des femmes dans tous les secteurs.
Le président afghan a aussi replacé l'énorme investissement des Etats-Unis dans un contexte qui a une signification ici : « l'Afghanistan est la ligne de front qui a évité des attentats sur le sol américain. Nous ne demandons pas la charité. »
Il est vrai que les talibans sont toujours actifs, même si des négociations sont initiées. Et c'est la crainte du Pentagone, le groupe Etat islamique peut faire des émules, dans un pays qui se remet lentement d'un très long conflit, et dont l'armée n'est pas encore assez performante.
Les sujets qui fâchent n'ont pas été abordés en public. En décembre dernier, l'inspecteur général américain chargé du dossier afghan écrivait que les 100 milliards de dollars consacrés à la reconstruction du pays par Washington n'avaient pas été correctement gérés; un rapport pessimiste qui mettait en exergue une corruption endémique.
■ Extrait du discours d'Ashraf Ghani
« Les talibans doivent choisir de ne pas faire partie d'al-Qaïda, mais d'être Afghans. Et s'ils choisissent d'être Afghans, ils seront bienvenus dans la construction de notre société, a déclaré Ashraf Ghani. Beaucoup d'entre eux pensent qu'ils sont des patriotes combattant la corruption et la criminalité qu'ils voient dans leurs villes et leurs villages. Nous pouvons faire face aux requêtes légitimes, à condition que les combattants respectent la Constitution et l'Etat de droit, comme préalable à la négociation et nous sommes confiants, sur le fait qu'elle va redémarrer. »
« Je ne suis pas là pour vous raconter l'histoire d'une transformation de mon pays en un jour, poursuit le président afghan. Vous êtes trop avisés pour une telle fable. Douze ans de partenariat apportent suffisamment de preuves que la tâche à venir sera compliquée. Nous vivons dans un environnement difficile et nous sommes un pays très pauvre, l'autosuffisance est notre objectif. »