Avec notre correspondante aux Etats-Unis, Anne-Marie Capomaccio
Selma, coquette ville du Sud des Etats-Unis d'un peu plus de 20 000 habitants, se prépare à recevoir Barack Obama. Pour la communauté noire d’Alabama, c’est un évènement, et l’occasion de faire un bilan, 50 ans après la sanglante répression des manifestations pour le droit de vote.
Linda Lowery avait 15 ans en 1965. Elle a marché sur le pont Edmond-Pettus ce fameux 7 mars, et ce qui la perturbe dans le Selma du XXIe siècle, c’est la ségrégation insidieuse qui se met à nouveau en place : « Nous nous sommes battus pour des écoles intégrées, et aujourd’hui dans les écoles, c’est à nouveau la ségrégation. Les Blancs ont quitté les écoles et donc la ségrégation s’est répandue dans tout le système scolaire. Mais c’est une ségrégation noire. »
C’est un racisme de classe, un racisme social qui s’installe. L’historien Alton Fitts a été l’un des acteurs de la déségrégation des écoles dans le Sud, il appartient à la communauté blanche et ressent la même amertume : « C’est la défaite la plus amère de mon existence. Ne pas avoir réussi à garder les écoles intégrées. Mes enfants sont restés des années après que tous leurs amis blancs avaient pris la fuite. Nous pensions que cela ferait une différence. Cela n’a pas été le cas. »
La colère de la communauté noire, et l’amertume des Blancs. Selma attend Barack Obama avec l’espoir que le président ne se contentera pas de venir pour une photo symbolique, 50 ans après la lutte pour le droit de vote des Noirs.
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