54 ans après, la condamnation de militants noirs annulée aux Etats-Unis

Cinquante-quatre ans après leur incarcération pour être entrés sans autorisation dans un restaurant réservé aux Blancs, neuf militants des droits civiques américains ont vu leur condamnation annulée et effacée de leur casier judicaire. Huit d'entre eux étaient présents mercredi 28 janvier dans un tribunal de Caroline du Sud, pour une audience chargée d'émotion.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Le juge Kevin Brackett est très ému. Il vient de rendre justice à des militants des droits civiques, dont le casier judicaire était marqué par une condamnation ancienne de 54 ans : « La seule raison qui a conduit à l'arrestation de ces hommes, c'est parce qu'ils étaient des Noirs. Vous avez sacrifié votre liberté pour le bien de notre pays en montrant que la ségrégation était injuste et néfaste. »

Neuf jeunes gens avaient en effet été emprisonnés après avoir osé s'assoir au comptoir d'un restaurant réservé aux Blancs. Ils n'étaient pas les premiers à faire de la provocation pacifiste de cette manière en 1961. Mais en refusant que la caution qui leur aurait permis de sortir de prison soit payée, ils ont braqué les projecteurs sur cette injustice, appliquant le mot d'ordre de Martin Luther King : ne pas financer les ségrégationnistes, et mettre les autorités dans l'embarras. Désormais, leur nom est gravé sur les tabourets du restaurant de Rock Hill, en Caroline du Sud.

Clarence Graham avait 17 ans à l'époque des faits. Il s'est exprimé à la télévision mercredi, après la cérémonie, à laquelle il assistait en compagnie de ses camarades et de l'avocat qui les avait défendus sans succès en 1961. « Les gens nous crachaient dessus, nous giflaient, nous maudissaient, nous donnaient des coups de pied, énumère-t-il. Le principe " prison sans caution " nous a fait passer un mois en cellule, mais sans dépenser d'argent. Ainsi, nous avons gardé les fonds dans nos caisses, au lieu de les verser au budget de la ville. »

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