A la Une: La mort du procureur argentin continue de faire les gros titres

Ce procureur, en charge du dossier de l'attentat contre l'AMIA (un centre communautaire juif à Buenos Aires) en 1994, avait accusé mercredi dernier la présidente Crisitina Kirchner de couvrir les cinq suspects identifiés dans cette affaire, quatre iraniens et un libanais.

Ce matin, la presse plutôt d'opposition crie au scandale et à la honte. C'est d'ailleurs le titre de l'éditorial du jour dans La Nacion : « Stupeur et honte ». Le quotidien de Buenos Aires, tout comme Clarin, revient sur sa Une sur les manifestations dans plusieurs quartiers de la capitale et dans d'autres villes du pays comme par exemple Rosario ou Mendoza. Clarin, sous une immense photo de la foule venue manifester sur l'emblématique « Place de Mai » publie ce titre : « le gouvernement appuie la thèse du suicide ». La Nacion revient sur ces mouvements spontanés. Aux cris de « Je suis Nisman, nous sommes tous Nisman », référence faite aux manifestations de Paris suite aux attentats contre Charlie Hebdo et contre une épicerie kasher il y a près de deux semaines, la foule est restée des heures sur cette place de Mai.

« Je suis très énervé et bouleversé par la mort de Nisman et ce qu'elle implique. Moi je souhaite vivre ici et je veux un pays juste pour mes enfants. Cette situation m'énerve et me rend impuissante. Je crois qu'il s'agit d'un suicide induit, peu importe qui a appuyé sur la gâchette ». Ce témoignage, c'est celui d'une jeune avocate de 25 ans venue manifester et interrogée par La Nacion et qui semble très remontée.

Il faut dire que les autorités se sont rapidement prononcées sur l'enquête, ce qui a eu le don d'énerver l'opposition et la population.

L’enquête progresse, selon les autorités

Pagina 12, un quotidien considéré comme proche du pouvoir, publie les 5 points qui, selon les autorités, favoriseraient la thèse du suicide.

Il n'y aurait aucun indice démontrant la participation d'une tierce personne.
Les caméras de surveillance n'ont enregistré aucun mouvement à l'heure où Alberto Nisman se serait suicidé. Selon les enquêteurs, la position du corps rendrait impossible tout déplacement préalable de celui-ci. L'arme qui aurait été utilisée lui aurait été remise la veille. Enfin, il est impossible qu’une personne puisse entrer dans cet immeuble très moderne sans être vue, puisqu’il faut passer devant des gardes. Qui plus est : une clef est nécessaire pour activer l'ascenseur.

La présidente Cristina Kirchner s’exprime sur Facebook

Selon Clarin, Cristina Kirchner après un long silence s'est enfin prononcée, sur son compte Facebook. La présidente n'y fait pratiquement pas allusion à la mort du procureur. Au contraire, elle accuse Alberto Nisman d'être au cœur d'un complot. S'appuyant sur tout un tas de détails, Cristina Kirchner rappelle son investissement aux premières heures de l'enquête sur l'attentat de 1994, assurant que s'est grâce à sa gestion que l'enquête a pu avancer. Clarin publie l'intégralité du message Facebook et précise que la présidente a demandé que soient rendues publiques les écoutes téléphoniques qui ont amené Alberto Nisman à accuser Cristina Kirchner de couvrir les responsables de l'attentat. Bref, cette affaire n'est pas près de s'estomper, estime la Nacion dans son éditorial. Beaucoup de questions restent en suspens.

Au Guatemala, un ancien responsable de la police a été condamné hier à 90 ans de prison

Pedro Garcia a été condamné pour avoir dirigé en 1980 l’assaut meurtrier contre des manifestants indiens réfugiés dans l'ambassade d'Espagne à Guatemala City. Un assaut qui avait fait 37 morts dans l’incendie qu’il avait provoqué. Ce haut gradé dirigeait alors les forces spéciales qui avaient tué indistinctement des manifestants, des personnalités guatémaltèques venues en médiateurs, ainsi que le personnel diplomatique de l’ambassade.

Le quotidien Siglo XXI revient sur cette affaire dans son éditorial du jour. « 35 ans d’attente pour que justice soit faite », titre le journaliste du quotidien. Certes, il aura fallu attendre longtemps, mais cette décision de la justice guatémaltèque, « prise à l’unanimité », « prouve l’indépendance de la justice » estime le journal.

Une condamnation annoncée douze jours avant que l’on ne commémore les 35 ans de cette tragédie. Siglo XXI précise que la patience des victimes a enfin été récompensée, malgré la polarisation de la société sur cette affaire qui s’était déroulée alors que le pays était en pleine guerre civile opposant le gouvernement conservateur à une rébellion de gauche. Un conflit qui avait coûté la vie à quelque 200 000 personnes entre 1960 et 1996.

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