Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Deux ans jour pour jour avant son départ de la présidence, Barack Obama s'apprête à prononcer son avant-dernier discours sur l'état de l'Union, grand-messe annuelle aux Etats-Unis. Le climat économique aidant, son intervention s'annonce ambitieuse. Le président américain veut clore le chapitre de la crise économique, dans un contexte d'optimisme inédit depuis dix ou quinze ans. Selon la Maison Blanche, il va donc pousser son avantage actuel et proposer d'ambitieuses réformes économiques.
Certains détails de ce projet ont déjà été révélés et ont mis d'emblée les républicains en colère. Il est en effet question d'une réforme fiscale, incluant une hausse d’impôts pour les foyers les plus riches, notamment via la suppression d'une niche fiscale permettant de transmettre des actifs financiers en héritage, et via une augmentation du taux d’imposition sur les plus-values et les dividendes financiers. Il faut dire que seulement 1% des ménages américains sont concernés par ces hausses d’impôts. Des foyers dont les revenus sont au-delà de 2 millions de dollars par an.
Quelque 320 milliards de dollars de recettes pourraient ainsi être générés en dix ans. Un budget qui permettrait à l’administration de financer des bénéfices sociaux pour les plus modestes, comme la gratuité de deux années d’université (le cycle court), des crédits d'impôt pour les gardes d'enfant, ou des congés de maternité rémunérés pour les employés fédéraux, une mesure a minima néanmoins jugée révolutionnaire aux Etats-Unis. Le tout, couplé à une baisse de la pression fiscale sur les plus modestes pour soutenir la consommation.
Obama ne passera pas deux ans à « pantoufler »
Ces annonces contrarient les républicains, allergiques en matière de hausses d'impôts, et désormais majoritaires dans les deux chambres du Congrès depuis les dernières élections de mi-mandat. Cela n’a pas l’air d’arrêter Barack Obama, ni en termes de politique intérieure, ni pour ses objectifs dans le domaine de la politique étrangère. Certains s’attendaient, après l’échec cuisant des démocrates aux dernières élections, à ce qu'il revoie ses ambitions à la baisse. Ou du moins, ils espéraient eux-mêmes brider ces mêmes ambitions.
Mais le président américain adopte là une posture de combat. Barack Obama met en effet à profit les deux dernières années de son mandat pour atteindre des objectifs perçus comme inaccessibles lorsque l'on ambitionne d'être un jour réélu, et lorsque l'on doit satisfaire des parlementaires aux intérêts divergents. Barack Obama se détache désormais des démocrates trop frileux et s’oppose frontalement aux républicains. Il a décidé de légiférer par décrets pour imposer les projets qui lui tiennent à cœur, et de faire usage de son droit de veto pour bloquer ses opposants.
Ce mardi, le président devrait aussi revenir sur les relations diplomatiques en passe d’être rétablies avec Cuba. Le pays devrait sortir de la liste des Etats soutenant le terrorisme. Alan Gross, qui vient d’être libéré par La Havane après avoir passé cinq ans en prison sur l'île, sera d’ailleurs invité dans la loge de la First Lady Michelle Obama. Toujours côté relations internationales, on s’attend également à ce que Barack Obama revienne sur les négociations en cours au sujet du programme nucléaire iranien. Il a déjà annoncé qu’il opposerait son veto à tout rétablissement de sanctions avant la fin des discussions.
■ Voyants verts pour l'économie des Etats-Unis, la preuve par l'auto
De nombreux économistes estiment que la crise est passée. Les indicateurs sont au vert et la reprise sera durable. Les Américains ont confiance en l’avenir et dépensent plus d’argent. Dans le pays, l’un des achats emblématiques reste la voiture (+6% l’an dernier).
Les ventes de grosses cylindrées sont en progression constante, comme dans le garage de Gil Hofheimer, concessionnaire de voitures de luxe. « La crise est terminée, confirme-t-il. Je dirais que l’an dernier, nous avons progressé de 10%. Et nous prévoyons pour cette année des ventes allant à 16 millions de voitures. Ce serait la meilleure année dans l’histoire des Etats-Unis ! »