Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Djokhar Tsarnaev vient de passer 18 mois dans le quartier de haute sécurité d’une prison de Boston : appels et sorties réduites, presse et courrier filtrés, une seule apparition publique depuis les faits. Trente chefs d’inculpation pèsent sur ce jeune homme de 20 ans et 17 d’entre eux sont passible de la peine capitale.
C’est tout l’enjeu de ce procès. En cas de culpabilité, une éventuelle condamnation à mort a été demandée par le procureur et le ministre de la Justice a accepté cette requête bien que la peine capitale ait été abolie par l’Etat du Massachussetts. Eric Holder explique que s’il est personnellement opposé à la peine de capitale, le cas Tsarnaev est différent.
Car l'attentat, le plus meurtrier depuis le 11 septembre 2001, a choqué les Etats-Unis. Beaucoup ne comprennent toujours pas comment les deux jeunes musulmans, réfugiés tchétchènes, ont pu se radicaliser, et passer à l’acte.
Les Bostoniens restent choqués
Le procès devrait durer trois ou quatre mois, la procédure commence ce lundi matin par la sélection du jury : 1 200 jurés potentiels sont convoqués cette semaine. Il sera difficile de choisir des citoyens neutres dans une ville ou chacun se sent concerné. Car dans le centre de Boston, la ligne d’arrivée du Marathon est toujours marquée au sol. Un simple mémorial de bois rappelle le nom des trois personnes tuées lors de l’attentat.
« Après le marathon, nous nous sommes sentis comme dans un village, car tout le monde a une connexion avec cet évènement, d’une manière ou d’une autre, explique Ted McLain. Il est difficile d’imaginer comment ils vont réussir à composer un jury qui ne viendra pas au procès avec une vue biaisée, avec une connexion avec les événements qui ont eu lieu ». Mais toutes les tentatives de délocalisation du procès par les avocats de la défense ont été rejetées.
Diane Jacobs, elle, passe tous les jours devant la ligne d’arrivée du marathon. Elle est soulagée de ne pas avoir été tirée au sort pour faire partie du jury. « Mon travail est près de la scène du crime, j’habite près des lieux de l’attentat… le marathon tourne juste dans ma rue. Je ne vois pas comment je pourrais être impartiale… C’est toute ma vie qui a été bouleversée ! »
Le verdict pourrait intervenir autour de la date anniversaire du marathon au mois d'avril prochain.