Dans tout le pays, les manifestations de colère se sont multipliées à la suite de la décision d’un jury populaire de ne pas poursuivre le policier qui a tiré sur le jeune Michael Brown à Ferguson (Missouri). Alors que le sergent Darren Wilson s’est exprimé pour la première fois à la télévision pour dire qu’il avait « bonne conscience », la presse américaine s’interroge sur les circonstances toujours troubles de la mort du jeune noir abattu alors qu’il n’était pas armé. Le New York Times met en ligne l’ensemble des documents qui ont conduit le jury populaire à prendre la décision controversée.
Des milliers de pages comportant la soixantaine de témoignages, les rapports d’autopsie, les photos de la scène du drame. Au total, des milliers de pages qui ont été fournis par le procureur de Saint-Louis, Robert P. McCulloch. Ce qui en ressort, ce sont les nombreuses zones d’ombres entourant la fameuse altercation entre Michael Brown et l’agent Wilson, qui s’est conclue par la mort du jeune homme. Les témoignages contradictoires en particulier ne manquent pas.
Les instants cruciaux encore obscurs
« C'est la cohérence dans l'incohérence », titre le Washington Post. « Tout le monde a vu un jeune homme aux chaussettes jaunes affrontant un policier blanc se trouvant dans un gros véhicule » : mais c'est là la seule image claire qui émerge des milliers de pages du compte rendu du jury, selon le quotidien. Les instants cruciaux de l’échange entre le jeune homme et le policier demeurent obscurs. « L'incohérence des témoins vient parfois d’une volonté de tromper les enquêteurs, mais parfois aussi d’une confusion naturelle de la part de personnes qui vaquaient à leurs occupations quand l’incident est survenu », relate le Washington Post.
Que faisait Michael Brown avec ses mains ? Les tendaient-ils en l’air pour demander au policier de ne pas tirer ? Où a-t-il tenté de saisir l’arme que le sergent Darren Wilson avait sortie, comme l'a redit à la télévision le policier ? Le jeune homme a-t-il provoqué l'agent ? Une infographie, dans le Washington Post reconstitue les versions contradictoires du sergent Wilson et celle de l’ami de Michael Brown qui l’accompagnait ce jour-là.
Un fossé persistant entre Noirs et Blancs
En attendant les conclusions d'une autre enquête sur la fusillade, l'enquête fédérale, plusieurs milliers de personnes ont encore manifesté mardi 25 novembre dans de nombreuses villes américaines. Ce fut le cas à Ferguson, où le dispositif de sécurité a été renforcé pour empêcher que ne se renouvellent les violences de lundi soir, mais également à New York. Des milliers de manifestants ont traversé Times Square puis le pont de Manhattan bloquant la circulation des voitures, relate le New York Times.
La marche réclamait la justice pour Michael Brown, mais aussi pour toutes les minorités du pays. Fernando Reals, un père d'origine latino interrogé par le journal, explique qu’il avait déjà manifesté en 2012 pour protester contre le meurtre en Floride d'un autre jeune noir désarmé, Trayvon Martin. À l’époque non plus, ce meurtre n'avait pas donné lieu à des poursuites contre le tueur, un homme blanc. Et le New York Times de s'interroger sur le fossé persistant entre Noirs et Blancs en ce qui concerne leur perception de la justice. La mort de Michael Brown a réveillé le sentiment d'injustice chez la communauté noire, même à des milliers de kilomètres de là, relate le journal.
« Des décennies de lois et jugements en faveur des Noirs ont permis aux noirs et aux blancs de travailler, étudier, faire du sport ensemble ». Mais pour le jeune Kenny Wiley, un jeune noir qui a grandi dans une banlieue riche de Denver, interrogé dans le New York Times, « la fusillade de Ferguson a détruit en (lui) le sentiment que la couleur ne compte pas ». « Dans certaines situations, je sens que je suis perçu par les autres comme une menace. Quand je marche dans la rue, on ne voit pas mon niveau d'études, mais que je suis un homme noir », raconte Kenny Willey dans le New York Times.
Mexique : Cuauhtemoc Cardenas démissionne du PRD
La gauche mexicaine connait un séisme avec la démission, annoncée mardi 25 novembre, d'une de ses figures de proue, Cuauhtemoc Cardenas. L'ancien sénateur, candidat trois fois à la présidence de la République a pris la « décision irrévocable » de quitter le parti qu'il a créé, le parti de la révolution démocratique.
Selon la lettre qu'il a fait publier dans la presse, le « leader moral » de la gauche conteste la manière dont le parti a été dirigé pendant des années. Il avait demandé la démission de sa direction sans succès. Le parti a récemment été vivement critiqué pour son rôle présumé dans l’affaire des disparus d'Iguala, rappelle le quotidien la Jornada. Le maire d'Iguala, qui avait ordonné l'intervention policière contre les étudiants contestataires était un membre du parti. L'image du PRD était donc largement écornée. Il n’était donc guère étonnant de voir la figure morale de ce parti le quitter avec fracas.